C’est un peu l’impression que l’on a, lorsque l’on a vécu ce camp de l’intérieur.
Ils étaient 6 coaches Français, sollicités par la FFBB, partenaire de l’évènement, à arriver lundi dernier à Paris pour prendre part à ce grand cirque sportif et médiatique. Le concept ? Simplissime... Une fois par an et par continent, la NBA et la FIBA organisent un camp de détection permettant aux jeunes internationaux de 16-17 ans d’être évalués et scoutés.
Le Basketball Without Borders est la 2e étape d’un processus de "fichage" créé par Nike. La première étape étant le Jordan Classic, et la 3e le Hoop Summit.
On le comprend assez vite, l’objet du camp, pour Nike qui inonde les joueurs de cadeaux, est à terme d’avoir le maximum de contrat à signer avec la future élite du basketball Européen.
Le premier jour permet aux joueurs venant des 4 coins du vieux continent, en guise d’apéritif, de rencontrer nos Frenchies de NBA -Diaw, Turiaf et Diawara-, et même de les affronter dans un tournoi NBA Live 08 (au passage, de toute beauté, et permettant de jouer avec les équipes nationales également...).
C’est le mardi que les choses sérieuses commencent sur le plan basket. Le matin, les joueurs sont pris en main par les staffs Franco-Américains, sur des simples situations de travail de fondamentaux. La grande ligue américaine est représentée par Brian Hill (Nets), Terry Stotts (ex Bucks), Don Newman (Spurs), Neal Meyer-Rory White-Jim Eyen (Clippers), Skip Molitor (NCAA), auxquels s’ajoutent Chris Duhon, Bo Outlaw, Luol Deng, Mike Pietrus et nos Français de la veille. Les premières divergences techniques apparaissent, lors du travail par ateliers, sur de simples aspects règlementaires comme la règle du marcher. Rien de grave cependant.
Le mardi après-midi sera l’occasion pour les 6 coaches Français (Chris "Gégé D’Aboville" Daniel, Nicolas "Julien" Absalon, Moctar N’Dir, Romain Fromenteau, David Gaudoin et Romain Leroy) d’avoir entre les mains "un matériel humain unique", aux dires d’un des coaches, en la personne de nos jeunes internationaux Européens, dans le cadre de matches d’évaluation, destinés à établir des rapports de force pour la draft interne à venir. Ces matches verront s’illustrer de solides prospects comme les meneurs Josep Franch (Esp), Ozan Dilik (Tur), l’arrière Filip Sepa (Ser) ou encore Bandja Sy (Fra) frère d’Amara, Alex Andreev (2.10, All). La liste est longue.
La draft permettra aux coaches de constituer 6 équipes, aux noms des franchises accueillant nos Frenchies de NBA. Ce sera également l’occasion d’un travail commun entre coaches Français et US.
Le mercredi verra le début des matches de ligue. Les équipes constituées la veille s’affrontent le matin. C’est également le matin que les premiers signes d’agacement des bénévoles Français commencent à apparaître. Afin d’organiser au mieux la semaine, la NBA a sollicité la FFBB, partenaire de l’évènement, pour que celle-ci mette à disposition 6 coaches, des arbitres, des officiels de table, et quelques jeunes pour gérer l’intendance (ballons, eau, etc). Une véritable armée Mexicaine que la NBA avait assuré prendre en charge sur le plan matériel et humain. Ce qui est loin d’avoir été le cas dans les premiers jours, notamment à cause d’une organisation proche du chaos. Hors caméras bien sur, vous l’imaginerez aisément.
Est-ce la marque de fabrique de notre beau pays, difficile de le dire. Toujours est-il que les coaches Français organisent les choses afin que chacun s’y retrouve pour le mieux. Après diverses discussions avec les représentants FIBA, ainsi que des responsables de chez Nike, un représentant Français décide de taper du poing sur la table auprès de l’exécutif NBA le jeudi matin. Situation intolérable et mot d’ordre de grève obligeront la toute puissante NBA à respecter ses engagements dans les heures qui suivront. Une bien belle réussite.
Le sport reprend ses droits avec les matches de ligue, et les équipes, ayant travaillé un peu plus collectivement, commencent à produire des choses très intéressantes. Chaque joueur tire son épingle du jeu. Nos joueurs Français ne sont pas en reste, avec notamment Elio Sadiku, qui prouve qu’il n’a rien à envier aux meilleurs Européens de sa génération. Yannick Moray (Bel) également.
Derniers matches le vendredi matin. Les équipes présentant des bilans similaires, ces rencontres seront décisives pour désigner les staffs du All Star Game de clôture. Les équipes ne se feront pas de cadeaux, bien aidées par des automatismes naissant, et une grande complicité dans l’encadrement entre joueurs, coaches, arbitres et officiels. A une exception près du côté d’un représentant du corps arbitral, mais passons.
Place donc au All-Star Game de clôture, devant plusieurs groupes de jeunes issus de quartiers défavorisés, dans une salle Pierre De Coubertin multiculturelle dans laquelle in valait mieux être polyglotte pour s’orienter. D’ailleurs, à ceux qui auront assisté au match, le Chris Duhon présenté par le speaker n’était autre que... Moctar N’Dir, coach Français. Ce détail n’aura pas empêché ce dernier, hilare, de saluer le public. On aurait tort de s’en priver, d’ailleurs. Si l’on ne tient pas compte du déséquilibre entre les équipes, constituées à l’emporte-pièce comme beaucoup de choses dans la semaine, le match aura en tout cas été riche en gestes spectaculaires. Les joueurs sélectionnés ont le sens du show. Et de l’efficacité d’ailleurs, mention spéciale à Michel Diouf, jeune joueur Sénégalais jouant à Barcelone, plein de classe dans le jeu. Un futur grand...
La mi-temps verra les joueurs s’affronter lors du concours à 3 points. Harald Debelka (All) prendra le meilleur sur les autres joueurs qualifiés, et se paiera même le luxe de battre Chris Duhon lors d’une confrontation directe.
La seconde mi-temps sera à sens unique, et éclaboussée par la classe d’Elio Sadiku. Qui deviendra de ce fait le MVP incontestable de ce match d’exhibition... Dans la foulée, Nika Metreveli (Geo) sera élu MVP Nike du camp. A la plus grande surprise des coaches, d’ailleurs.
Et le Basketball Without Borders s’est terminé comme il a commencé : dans un grand cirque, sans trop savoir qui devait faire quoi. Surprenant de voir la NBA dépassée à ce point, surtout lorsque l’on connait le complexe de supériorité qui habite ses représentants parfois. Mention spéciale malgré tout à Taylor Smiley, responsable de la logistique et clé de voute essentielle du camp, sans qui rien n’aurait avancé . Quel plaisir en tout cas de pouvoir croiser des légendes comme Sarunas Marciulionis ou Arturas Karnishovas sur le parquet de Coubertin...
Ajoutons enfin que l’entraînement n’était qu’une partie du programme, la NBA ayant organisé plusieurs actions caritatives, comme l’inauguration d’un playground du côté du Sarcelles et la rencontre entre jeunes et joueurs NBA, mais aussi la visite d’hôpitaux et d’enfants malades.
Belle expérience au final, et un niveau de basket très élevé (surtout si l’on connait le nombre de scouts présents). Dommage que deux ou trois "couacs" organisationnels aient un peu compliqué les choses. L’opportunité pour les coaches d’échanger au quotidien, comme pour les joueurs de pouvoir se confronter reste unique. Et gageons que malgré tout, samedi, chacun est reparti de son côté des souvenirs plein la tête... ou plein les bagages, c’est selon...