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Seigneur et saignée : la France de TP prise à la gorge

dimanche 21 septembre 2008, par Emmanuel Laurin

Au lendemain d’une énième déconvenue de notre équipe de France, il est temps pour le basket français de se regarder dans la glace et de se demander s’il a fait tout ce qu’il fallait pour réussir dans sa mission de qualification au prochain euro polonais.

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Yakhouba Diawara

Eclaircissons d’abord une chose qui se doit de l’être, il n’est aucunement question de blâmer l’équipe de France telle qu’elle se présentait au moment d’entamer ces qualifications directes. Il faut au contraire saluer l’attachement au maillot national de ces joueurs, au premier chef desquels on trouve Tony Parker qui, hier, non content d’avoir réalisé une des meilleures performances de l’histoire (you heard me !) du basket français en équipe nationale, a encore promis, au sortir de ce coup de massue considérable, d’être présent au dernier tournoi qualificatif pour cet euro 2009. Il ne quittera pas le navire France sans avoir tout tenté pour le ramener à bon port. Tout cela est véritablement admirable, tant par le talent génial de sa performance, et ce, tout au long des qualifs, que par cette volonté farouche de finir ce que l’on a commencé, faisant fi de tous les obstacles (et il y en a toujours dans ce basket FIBA de plus en plus dense et compétitif). Que celui, parmi toutes les mauvaises langues qui parviennent encore à polluer le paysage français du basket - qui n’en a vraiment pas besoin dans sa conjoncture actuelle - qui ne trouve pas encore l’attitude de TP irréprochable se lève maintenant ou se taise à jamais !! Il est proprement scandaleux de faire ce genre de faux procès à un joueur si impliqué dans la réussite - et cette culture de la gagne et rien d’autre que la gagne - de son équipe de cœur, son équipe de France.

De la même manière, le coaching de Michel Gomez ne saurait être entaché de grossières erreurs. Ce dernier a pris les commandes d’un bateau à la dérive et a, peu ou prou(e), réussi à tenir la barre dans la tempête. Alors, certes, le résultat demeurera pour l’éternité cet échec final mais il n’est pas à chercher dans les choix du coaching staff. La défense qui avait été la marque de fabrique de cette France qui gagne a été remise au goût du jour. Elle est encore perfectible mais les fondations ont été rénovées et elles semblent suffisamment solides pour que l’on puisse construire autour d’elles pour le futur ; et précisément, le tournoi qualificatif pré-euro de l’été prochain. Une critique pourrait toutefois lui être formulée, et elle l’a déjà été par voie de presse, dans le choix de garder Yannick Bokolo qui n’a pratiquement pas mis le pied sur le parquet en lieu et place de Marco Pellin qui avait montré de belles choses durant la préparation, et qui peut se targuer par ailleurs d’avoir rondement mené sa barque roannaise dans les eaux agitées de l’Euroleague toute la saison. Au-delà de cet impair, il ne semble pas pouvoir être fait grief d’autres boulettes à la Gomme.

Alors, que faut-il retenir de tout cela ? Comment peut-on et doit-on s’éviter ce genre de soirées cauchemardesques et de nuits tout aussi blanches que celles, casse-tête, de la cité Seattle désormais orpheline de ses Supersonics ? Deux manières de le faire :

- D’abord sur les qualifs proprement dites, le principal problème de l’équipe a été que le temps de préparation a encore été extrêmement court mais surtout anormalement perturbé. Sans rentrer dans les considérations d’ordre contractuel telles celles d’un TP marketé et ultra sollicité par les médias, il convient néanmoins de se demander quelles sont les conséquences sur le groupe de ces revirements multiples, et notamment ceux de l’imbroglio autour de Boris Diaw. Cela est resté, il faut le dire, assez secret et semble d’autant plus étrange que ledit Babac avait pu jouer l’été précédent. L’optique de se qualifier au prochain euro n’est-elle pas raison suffisante pour tout mettre en place pour qu’il aide l’équipe à se qualifier et survivre au niveau européen ? L’idée de perdre toute visibilité européenne, et par suite mondiale, n’est-elle pas suffisamment effrayante pour ne pas tout essayer pour faire jouer un de nos meilleurs joueurs, qui de plus était prêt à en découdre ? Il nous manque manifestement là un certain nombre d’éléments d’explication.

Sur les qualifs encore, mais du point de vue du jeu maintenant, il était surtout frappant de voir la faiblesse - pas nouvelle, mais qui gagnerait à devenir histoire ancienne et non plus vieille rengaine - de l’adresse de nos shooteurs. Et pire encore, celle sur la ligne des lancers-franc. Qu’y faire à part travailler, encore et toujours. Les nouveaux venus tel De Colo, voire Brun ont su répondre présents dans le domaine, mais seulement de manière sporadique, preuve de leur récente arrivée au niveau international. Le problème le plus gênant a été cette inconstance, ce manque d’une attention durable au cours des matchs. Cela n’est pas digne du haut niveau, et pour le coup, le résultat reflète véritablement ces errements coupables. Ne jetons cependant pas la première pierre ; ou sinon, posons celle qui sera le commencement d’une nouvelle maison bleue.

- Sur les coulisses des qualifs, par ailleurs, la principale interrogation se situe sur les non-venus de l’équipe. On pense au premier chef aux frères Pietrus, à Johan Petro, à Joakim Noah, à Batum et Ajinça mais également à Pape Badiane, à Jo Gomis, Mam Diarra, voire Jérome Moïso. Il est inutile de préciser que l’on ne pouvait compter sur Mike Gélabale assez gravement blessé, et qui sans cette infortune, aurait vraisemblablement prêté main forte à l’équipe. Mais quelles sont donc les raisons de ces « désertions » à l’appel du drapeau ? Elles sont multiples et répondent à chaque fois à des situations personnelles différentes ; certaines plus ou moins légitimes (et il faut là respecter le choix des joueurs, il n’est aucunement question de forcer les joueurs à intégrer l’équipe), mais surtout certaines plus ou moins compréhensibles. En effet, et dans les diverses réactions des joueurs sus-cités, il semblerait que certains, dont Diarra et Mike Piétrus, aient des problèmes, non pas avec l’idée de porter le maillot, mais de collaborer avec l’équipe de France en tant qu’entité. Et c’est là que le bât blesse. La France possède un bon nombre de joueurs au talent reconnu dans le monde du basket, mais ; et c’est là toute la nouveauté du contexte actuel (et les américains l’ont désormais assimilé), aucune équipe (et même les monstres américains) ne peut se permettre de se passer de ses plus grands talents. Il n’existe plus de pays, à part la France visiblement, qui croit encore à sa qualité sans en avoir la densité concrète sous la main. Tout génial qu’est TP (et contre les Turcs, c’était du TP majoré MJ), il ne peut à lui seul - et Nowitzki l’a aussi appris cet été avec la Mannschaft - maintenir la France au haut-niveau européen, et encore moins mondial. On ne peut compter sur le seul « potentiel français » pour combler les absences des joueurs confirmés ; c’est là fantasmagorie et

Le basket français, et par là j’entends, les forces vives du basket français, c’est-à-dire les joueurs eux-mêmes, doivent avoir cette prise de conscience collective que le niveau est monté ; que la barque ne peut flotter que si ses plus braves moussaillons se serrent les coudes et s’entraident à l’heure d’hisser la grand voile. Et c’est également aux institutions, à l’encadrement du basket français qu’il revient le devoir de communiquer avec les joueurs de manière claire et uniforme, d’adopter avec eux un discours d’unité sans pour autant négliger leurs histoires individuelles.

Et si Parker a fait état hier de ce qu’il était bien de cette race des seigneurs que nous chantait feu Gainsbarre, il ne nous reste maintenant plus qu’à s’allier à sa grande cause et transformer cette saignée de résultats de l’équipe de France en une cure de jouvence thérapeutique qui nous mène, bon gré mal gré, à une qualification pour l’euro 2009. Il ne faut pas perdre espoir. Au contraire, ne dit-on pas, Rome ne s’est pas faite en un jour. Le team usa a lui aussi perdu avant de pouvoir régner à nouveau. L’équipe de France n’est pas morte, elle doit s’en convaincre !

Bilan de rentrée : montre de belles choses, doit progresser à l’avenir avec plus de persévérance et de discipline.