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Bulletin de rentrée : Copie ton voisin !?!

vendredi 12 septembre 2008, par Emmanuel Laurin

De retour de Madrid, le choc climatologique est rude. C’est la rentrée. Mais quand les uns figurent tranquillement sur la ligne de départ de la human race de la célèbre marque à la virgule, les autres en suent dans de sombres gymnases ukrainiens et turcs. José Manuel Caldéron, meneur titulaire des Toronto Raptors, tout juste revenu de Pékin, où il n’a pu disputer les derniers matches de sa Seleccion qui l’a vu revenir avec une breloque en argent autour du cou, pavane dans les rues de Madrid, certainement plus lié par des contractualités que par la volonté de courir les dix kilomètres de course alors même qu’il ne pouvait défendre ses chances aux J.O à cause d’une cheville meurtrie. Mais le contraste demeure.

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Pau Gasol

Dans ces mêmes rues, lors de diverses pérégrinations nocturnes, on peut reconnaître derrière la vitrine d’une banque la grande carcasse cartonnée de la figure nationale, je veux dire, bien sûr, le Laker Pau Gasol. Le « grand frère » fait épargner les familles espagnoles ; il inspire la confiance ; le baloncesto veille sur l’Espagne qui travaille. Si la génération dorée de nos voisins Pyrénéens continue d’amasser les récompenses mondiales, olympiques et européennes, c’est bien parce qu’elle incarne des valeurs dans lesquelles le peuple ibérique se reconnaît. Le sport espagnol est celui d’équipe. Derniers champions d’Europe en football, médaille de bronze en handball à Pékin, omniprésent dans notre sport (par ailleurs aussi décevants que les français dans les sports individuels), le royaume espagnol s’illustre donc par sa qualité à jouer en équipe, à faire briller son partenaire et surtout comprendre que c’est par le travail collectif que se forge le succès. Gagner ensemble passe bien sûr par le travail ensemble.

Quand la France perd son deuxième match de qualification face à une Turquie, bien mieux préparée certes, elle montre, si besoin en était encore, que le basket est de manière fondamentale un sport d’équipe. Car plus que la défaite, c’est bien la manière qui est décevante, voire effrayante. L’alarmisme ne menant à rien, revenons en à la déception et construisons sur cette dernière.

Qu’est-ce qu’une équipe ? C’est d’abord un groupe. C’est ce qu’a compris l’Espagne en premier. L’Argentine avec elle. Le sport d’équipe nécessite la continuité que la France ne s’est jamais donnée. Les Etats-Unis eux-mêmes ont bien appris leurs leçons des dernières compétitions internationales et le « plan Colangelo » sur trois ans a finalement payé. La redeem team a conquis le titre olympique ; mais elle est remontée sur la plus haute cime de l’Olympe par l’application rigoureuse d’un projet centré sur la notion de groupe. Il est tâche aisée de reconnaître cette nouvelle philosophie dans le passage de Dream Team à celui plus humble et par là même plus réunificateur de Team USA. Un comportement également assez symbolique de ce sentiment est que les LeBron James, Carmelo Anthony, et Kobe dans sa dernière version se faisaient un devoir de signaler leur drapeau américain lors de ces moments de célébration victorieuse. Le salut militaire made in usa faisait ainsi son apparition sur les parquets chinois. Le basket FIBA est unique.

Le sport d’équipe, c’est une mentalité. On a pu décrire un changement radical de l’approche américaine sur les grandes compétitions internationales. L’équipe de France se doit de travailler à l’acquisition de ce type d’habitudes mentales ; qui sont celles du haut niveau. Sur le site de l’Equipe, le DTN Jean-Pierre de Vincenzi souligne avec justesse qu’il manque une culture du haut niveau dans le basket français. Ce mal est profond et il apparaît à vif dans cette équipe montée de bric et de broc dans l’urgence de cette mission commando. Les joueurs qui sont présents ne peuvent certainement pas être blâmés par ce qu’ils n’ont encore eu la chance d’acquérir mais le problème demeure de savoir ce que l’on doit dire à tous ces prospects français qui se jettent a volo dans la gueule du loup NBA sans avoir encore eu l’expérience du véritable haut-niveau. De ceux qui voient le basket comme cet idéal de la performance individuelle dans le régime ultra-formalisé de la ligue américaine.
Le sport d’équipe...

PS : dans le brouhaha madrilène, le hasard a voulu que je croise sur ma route le serial dunker Guy Dupuis... Erasmus ? Vacances ? En tous les cas, le modèle espagnol inspire.