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Final Four ’15 : Olympiakos "grecquifie" le CSKA, le Real assume son statut

samedi 16 mai 2015, par Aurélien Hipp

Deux demi-finales complètement opposées ont ouvert en fanfare le Final Four version 2015, de retour à Madrid 7 ans après la victoire du CSKA ici-même au Palacio de Deportes, devenu le BarclayCard Center, pour des raisons qu’on peut deviner. La finale des 2 monstres n’aura pas lieu, la faute à une nouvelle "grecquification”, un scénario qui a si souvent tendance à se répéter qu’on verra peut-être le mot faire son entrée dans le dictionnaire. Un Spanoulis d’abord à la limite du ridicule puis complètement incandescent aura conduit le peuple grec en finale. Elle aura lieu contre un Real qui probablement réalisé le plus gros quart-temps de la saison d’Euroligue (35-14) face à un Fener d’abord résigné, puis suffisamment fier pour venir mourir à 9pts. Difficile de dire à ce stade si c’est un piège ou une véritable autoroute pour le Real Madrid qui attend le titre européen depuis 20 ans et souhaitera accessoirement venger les footeux. Pour l’anecdote, en ce qui concerne les femmes des joueurs (on demandera leur avis à Spanoulis et surtout Rudy Fernandez), entre le foot et le basket, à Madrid, c’est match nul.

1ere demi-finale : CSKA Moscou 68- Olympiacos 70

Que peut-il y avoir de spécial chez ce joueur, ce gène que les autres n’ont pas et qui lui permet d’être à ce point décisif ? D’abord invisible puis pire encore, pénalisant pour son équipe, Vassilis Spanoulis aura illuminé le dernier quart-temps de cette première demi-finale avec 3 shoots plus clutch les uns que les autres. Même pas des bons shoots, et ce qui passe pour un tir forcé en début de match se transforme en coup de génie quand le money-time démarre. 13pts, dont 11 en dernière période (il n’avait inscrit auparavant que 2 lancers) et un CSKA une nouvelle fois écoeuré (Printezis leur avait déjà fait le coup en 2012)…Alors certes Andrei Kirilenko n’était pas loin d’avoir le tir de l’égalisation, mais la dernière interception grecque fut fatale.

Pendant 36 minutes, Moscou avait le match en mai. Bien sûr l’équipe du Pirée ressemblait au sparadrap du capitaine haddock, mais elle ne passait jamais devant. Plusieurs fois nantie d’un matelas intéressant (entre 6 et 9pts, 15-9, 57-49, 61-52), la formation Russe n’a jamais pu prendre un écart tel qu’elle se mettait à l’écart d’une « grecquification » qui n’aura évidemment pas manqué d’arriver. Un scénario qui a du rappeler quelque chose à Nando De Colo, quand bien même il n’était pas de la partie en ce funeste jour de l’été 2005.

Personnage central d’une excellente interview dans l’Equipe du jour, Nando De Colo avait clairement annoncé la couleur et escomptait évidemment repartir avec le trophée. Quelle meilleure manière de valider pour de bon la pertinence de son retour en Europe. Teodosic lui aussi en mode diesel (même s’il n’aura jamais réellement actionné le turbo comme son alter ego grec), il y avait la place pour notre français de briller, ce qu’il aura la plupart du temps fait dans la première partie du match avant de s’effacer un peu dans le money-time (1/5 pour 6/16 au total). En fait, c’est lui qui avait contribué à créer le dernier gros écart en faveur du CSKA (61-52 à 4 min de la fin). Mais il en faut bien un pour se faire grecquifier…

Plus gros de temps de jeu son équipe avec Vorontsevich meilleur marqueur du match, il s’affirme néanmoins comme une des forces de frappe principales de son équipe, compensant les petits matches de Kirilenko (5pts en 19 min) et Kyle Hines, qui n’a plus du tout le même rôle qu’il y a 2 ans avec…Olympiacos. Côté grec, si Spanoulis a crevé l’écran et qu’on ne retiendra rien d’autre, mention spéciale à Giorgios Printezis, 11 pts en première mi-temps et magnifique dans le rôle de relayeur en étant que le maestro barbu (et bientôt chauve) entre en scène…Un sacré coup d’arrêt, encore un, pour un CSKA tellement pépère tout au long de la saison régulière…

2e demi-finale : Real Madrid 96 Fenerbahce Istanbul 87

Fenerbahce aura remporté sans souci la bataille des tribunes, mais en ce qui concerne le terrain, le Real Madrid aura été trop fort. D’abord un peu contrarié par la taille des joueurs turcs (20-21 au bout de 10 min), le Real a ensuite réussi un second quart-temps de rêve, une sorte de raz de marée injouable pour des stambouliotes sonnés par les coups de boutoir d’Ayon, et les coups de génie de Sergio Rodriguez.

Quel luxe de pouvoir se permettre de sortir un génie du jeu de son banc. La présentation des deux équipes ressemblait à un All-Star Game, mais côté Madrilène on a l’impression de disposer de ressources infinies. Fini le temps des rosters de joueurs européens simplement complétés par des américains lambda. Vu à Roanne, K.C.Rivers , on s’en rappelle, était suffisamment fort pour répondre aux sirènes italiennes en cours de saison. Il a continué de progresser et aura fini d’écoeurer Obradovic et ses boys avec un 4/4 à 3pts dans le second quart-temps. Après 20 min, +20, 55-35 la messe est déjà dite.

Déjà groggy, le Fener est maintenu la tête sous l’eau dès la reprise avec 2 « triplés » consécutifs des Merengue pour porter l’écart à un maximum de 26 pts. Ca n’ira pas plus loin, les turcs opérant un rapproché progressif au fur et à mesure que le match allait vers son terme, étant laissé à vue par un Real tout en contrôle, mais qui n’aura pas tremblé l’espace d’un instant. Si Sergio Rodriguez n’a pas eu à s’employer une seconde fois, on a pu observer un Gustavo Ayon au registre hyper complet, pesant dans la raquette et servant de points d’appui pour ressortir sur ses shooteurs. Du grand art de la part de la grande liane mexicaine… Il était temps que le match se termine pour les jaunes et bleus, la frustration turque et les provocations (épisodiques mais présentes) des espagnols (on ne se refait pas) générant plusieurs débuts d’échauffourées, fautes antisportives et autres techniques, notamment pour le tout frais MVP de l’Euroligue, éliminé sur une « technical » qui en disait long sur sa déception.

Le score final, 96-87, ne reflète que très imparfaitement la grande domination madrilène…Evidemment le Fener est loin d’être une petite équipe et entre talent et fierté, il était attendu que ce ne soit pas le grand canyon qui sépare les 2 équipes. Mais après sa première mi-temps magique, le Real, auteur par ailleurs d’un sympathique 14/30 à 3pts et de seulement 4 ballons perdus ne pouvait pas perdre ce soir dans sa salle.

L’opposition de style contre Olympiacos vaudra le détour. Les grecs n’ont pas le quart du talent offensif de leur futur adversaire, mais ont déjà vaincu lorsqu’on ne les attendait pas. Et si Spanoulis remet le couvert, le Real, tout favori qu’il est, se mettra à trembler.