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Les accidents cardio-vasculaires des sportifs

jeudi 22 septembre 2005, par Dr Naoun

La survenue de plusieurs accidents mortels chez des sportifs de renom a
remis au goût du jour un problème connu depuis longtemps et avivé les
inquiétudes. Les usagers ne comprennent pas, à juste titre, comment de
tels accidents peuvent frapper des sportifs censés bénéficier d’un
encadrement médical de haut niveau, à la lumière d’un progrès censé
infini ?

FREQUENCE ET NATURE DES ACCIDENTS

Les accidents cardiovasculaires graves restent rares dans le monde du
sport : on estime généralement la fréquence de la mort subite à 1 / 50
000 pratiquants.

Il n’y a pas de sport plus risqué que les autres : les éléments qui
favorisent la survenue des accidents tiennent aux modalités de la
pratique sportive : intensité trop élevée, préparation insuffisante,
conditions extérieures défavorables (chaleur ou froid intenses) : un
exercice intense effectué dans des conditions climatiques difficiles
peut entraîner une perte de poids importante et une déshydratation due à
la perte d’eau sous forme de sueur qui peut atteindre 1.5 à 3.5 litre
par heure !

Il existe des facteurs de risques liés au sportif lui-même : tabagisme,
hypertension artérielle, diabète, hyperlipidémie, surcharge pondérale,
drogues, malformations...

La mort subite du sportif est d’origine cardiovasculaire dans plus de
90% des cas. Les autres causes (10% des cas) sont diverses : hémorragies
cérébrales, embolies pulmonaires...

Après l’âge de 35 ans, la cause principale de mort subite est
l’infarctus et les troubles du rythme
(tachycardie ventriculaire, torsades de pointes, fibrillation
ventriculaire) qui peuvent compliquer cet infarctus ou se produire en
dehors de lui.

* La tachycardie ventriculaire est une accélération importante de
la fréquence cardiaque avec une dissociation de l’activité des
oreillettes de celle des ventricules.

* Les torsades de pointe sont des troubles du rythme complexes
favorisés par la déshydratation, la baisse du magnésium et la baisse du
potassium.

* La fibrillation ventriculaire est une contraction tellement
rapide du cœur que celui-ci n’a plus le temps de se remplir et de se
vider : tout se passe donc comme si le cœur était devenu totalement
inefficace.

Avant l’âge de 35 ans, les causes de mort subite sont les
cardiomyopathies hypertrophiques, les hypertrophies ventriculaires
gauches, les anomalies congénitales des coronaires, la dissection
aortique évoluant le plus souvent dans le cadre d’une maladie de Marfan,
la dysplasie arythmogène du ventricule droit et les myocardites.

* Les cardiomyopathies hypertrophiques sont des anomalies du muscle
cardiaque qui est augmenté de volume et fonctionne mal. Elles sont dites
primitives (cas le plus fréquent) si aucune cause n’a pu être identifiée
et secondaires dans le cas contraire (origine infectieuse, métabolique,
toxique, endocrinienne, infiltrative..)

* Les hypertrophies ventriculaires gauches : leur origine est soit
une anomalie des valves cardiaques, soit l’hypertension artérielle.

* La dissection aortique est une affection qui réalise un clivage
entre les parois de l’aorte. L’aorte qui est la plus grosse artère du
corps, est un cylindre dont la paroi est constituée de trois feuillets :
un feuillet interne ou intima, un feuillet intermédiaire ou média et un
feuillet externe. Dans la dissection, l’intima se rompt et le sang
pénètre entre l’intima et la média et s’accumule sur une longueur
variable réalisant une dilatation ou anévrysme. Le risque est ensuite la
rupture de la paroi externe sous l’influence de la pression sanguine,
avec une hémorragie entraînant la mort subite. Les causes habituelles de
la dissection aortique sont l’hypertension artérielle et les maladies du
tissu élastique qui est contenu dans de nombreux tissus dont les parois
artérielles : maladie de Marfan et maladie d’Ehler-Danlos. Les causes
plus rares sont les cardiopathies congénitales (coarctation de l’aorte)
 ; le rétrécissement de la valve aortique, les efforts violents, les
traumatismes thoraciques...

* La dysplasie arythmogène du ventricule droit est une affection
héréditaire qui provoque une perte des cellules myocardiques qui sont
remplacées par de la graisse et du tissu fibreux.

* Les myocardites sont des atteintes du myocarde le plus souvent
d’origine infectieuse, notamment virales.

Les hémorragies cérébrales sont dues soit à la rupture d’un anévrysme
(dilatation d’une artère du cerveau), soit à une poussée d’hypertension
artérielle.

Les embolies pulmonaires sont secondaires à la migration d’un caillot,
né dans une veine des membres inférieurs (phlébite) : le caillot se
détache, remonte le long de la veine cave, traverse le ventricule droit
et se trouve projeté dans une (ou plusieurs) artère pulmonaire qu’il
obstrue d’où des difficultés respiratoires (dyspnée), une tachycardie,
des douleurs thoraciques et parfois une mort subite. L’association
contraceptifs chimiques et tabac augmente nettement le risque de même
que les anabolisants.

CONDUITE A TENIR

La pratique du sport, surtout après un certain âge (40 ans) et de haut
niveau quel que soit l’âge, demande un examen médical complet qui peut
requérir l’intervention de plusieurs spécialistes : cardiologue,
radiologue, pneumologue, endocrinologue, biologiste...

Cet examen vise à rechercher les contre-indications absolues ou
relatives à la pratique du sport choisi, à prévenir la survenue des
accidents et aussi à donner les indications nécessaires pour la
préparation et l’entraînement.

Sur le plan biologique, il convient de rechercher un diabète (glycémie),
une hyperlipidémie(cholestérol, triglycérides...) et des troubles
électrolytiques. D’autres analyses peuvent être effectuées en fonction
des données de l’interrogatoire et de l’examen clinique.

L’examen cardiologique est fondamental : examen clinique très soigneux,
épreuve d’effort, échocardiographie sont les éléments de base. En
fonction des résultats, le cardiologue peut être conduit à faire ou
demander un scanner, une tomoscintigraphie myocardique, un IRM ou une
angiographie. Une mesure de la capacité fonctionnelle
cardio-respiratoire peut être utile (elle est systématique pour les
sportifs de haut niveau) : exploration fonctionnelle respiratoire avec
évaluation de la VO2 max.

QUESTIONS

. Peut-on être victime d’un accident malgré le bilan médical ? La
réponse est oui car certaines affections sont difficiles à diagnostiquer
surtout si elles n’ont donné lieu à aucun symptôme avant l’accident : on
peut citer pêle-mêle les anévrysmes cérébraux, certaines
cardiomyopathies hypertrophiques, les embolies pulmonaires, les
dysplasies arythmogènes du ventricule droit...

. Existe-t-il des maladies qui contre-indiquent le sport ? Oui, il en
existe surtout pour le sport de haut niveau, car, pour les sportifs du
Dimanche, il est toujours possible d’avoir une activité physique aussi
réduite soit-elle. Les myocardites par ex obligent à un repos sportif
prolongé : dans certains pays, l’interdiction a été étendue à tout
sportif qui a présenté un épisode fébrile récent et inexpliqué. Dans
tous les cas, la décision d’interdire temporairement ou définitivement
la pratique sportive ne peut être prononcée qu’après un examen médical
complet.

. Les examens d’aptitude au sport sont-ils pris en charge par les
organismes sociaux ? En principe, non : l’acte fondamental de
l’Assurance-Maladie précise que le but de cet organisme est la prise en
charge des frais nécessités par le diagnostic et le traitement des
maladies à l’exclusion des actes de Médecine Préventive qui, eux,
peuvent faire l’objet d’une prise en charge par des organismes
extérieurs : Mutuelles, Jeunesse et Sport, Associations diverses ou,
bien entendu, payés par l’intéressé lui-même.

CONCLUSION

L’aptitude au sport et la prévention des accidents liés à la pratique du
sport nécessitent un examen médical approfondi et aussi l’observation
d’un minimum de règles : bonne hygiène de vie sans tabac et sans alcool,
alimentation équilibrée, hydratation suffisante, absence de drogues,
bannissement de toute substance dopante, exercice du sport dans des
conditions rationnelles.