La première nouveauté fut l’annonce par Claude Bergeaud, avant même de dévoiler la sélection, du cinq majeur de la compétition. Un cinq majeur pour le moins étonnant puisque si les cadres habituels sont là : Tony Parker à la mène, Boris Diaw et Florent Pietrus à l’aile et Frédéric Weis sous les panneaux, le poste d’arrière a révélé une petite surprise avec la titularisation de Joseph Gomis (qui évolue à Valladolid en Espagne).
Un backcourt novateur et dynamique
- Joseph Gomis
- Photo : Catherine Steenkeste/FFBB
Petite surprise, car Jo Gomis est loin de sortir d’une grande saison avec son club. Terminant 16ème de l’ACB, Valladolid a évité de peu la relégation, avec un Joseph Gomis pas toujours à son aise. Le petit combo-guard (meneur/arrière) a réalisé une saison mitigée, car si sur le plan offensif il a été efficace (11,9pts), ses 2,4 ballons perdus et ses 45% à 2pts ont fait baisser son évaluation à 8,7. Cependant, Claude Bergeaud avait de bonnes raisons d’en faire son titulaire au poste 2 ...
Tout d’abord, avec un duo Parker-Gomis à l’arrière, les carences au niveau de la remontée de balle constatée lors de l’euro 2005 et du championnat du monde 2006, devraient devenir un mauvais souvenir. Et Claude Bergeaud ne s’en cache pas, c’est une des principales raisons à la titularisation de Joseph Gomis. D’autre part, son adresse à 3pts (39% en ACB) ainsi que sa grande capacité à scorer de près ou de loin, conjuguée au talent et à la vitesse de Tony Parker, permettent de former un backcourt très dynamique capable, à priori, de dynamiter n’importe quelle défense.
En recherche d’adresse ...
Un choix qui peut donc paraître curieux au premier abord, mais qui peut parfaitement s’expliquer. L’autre problème de l’équipe de France au cours de ses dernières campagnes a bien évidemment été l’adresse au shoot, avec des statistiques catastrophiques, notamment lors du mondial japonais en 2006. Pour remédier à cela, Claude Bergeaud a pris des décisions radicales puisqu’il a décidé de ne pas sélectionner Mickael Pietrus, très maladroit en EDF ses deux dernières années, mais qui sortait d’une excellente saison avec les Warriors de Golden State en NBA.
Là encore ce choix peut parfaitement s’expliquer. En ayant choisi de former un duo Parker-Gomis à l’arrière, Claude Bergeaud n’avait plus besoin d’un titulaire avec un gros temps de jeu, mais d’un arrière qui soit bon shooter et capable d’être très efficace sur un petit temps de jeu. Un profil qui ne court pas les parquets en France. Son choix s’est donc orienté tardivement certes, vers ... Cédric Ferchaud.
L’arrière palois a réalisé une saison pleine d’efficacité. Malgré un petit temps de jeu, l’ex-choletais a réalisé de grosses performances à 3pts avec un pourcentage remarquable (41%). Et c’est ce qui a fait pencher la balance en sa faveur en lieu et place de Michel Morandais. Car l’arrière de Napoli, malgré une plus grande polyvalence et un talent indéniable, n’excelle pas dans ce registre de pur shooter enfilant les paniers à froid. Pourtant, il est le seul joueur français titulaire en euroleague avec un temps de jeu important ...
Un déficit de créativité
- Tariq Kirksay
- Photo : Catherine Steenkeste/FFBB
Enfin, la dernière surprise concoctée par Claude Bergeaud fut la non séléction de Mickael Gelabale. Très régulier au cours des deux dernières campagnes, cette éviction avait de quoi surprendre, car en plus d’être un excellent défenseur, les qualités athlétiques hors normes de Mike apportaient un vrai plus à l’aile française.
Cependant, Bergeaud ayant décidé de faire jouer Boris Diaw le plus souvent au poste 3, son temps de jeu allait se voir réduit, et le sélectionneur avait une autre idée en tête. En effet, il a préféré Tariq Kirksay à Mickael Gelabale afin de combler le déficit de créativité des français. Un domaine ou le récent naturalisé français excelle.
Malgré sa taille, Tariq Kirksay fait partie des tous meilleurs créateurs dont recellait (il a signé en Russie) la ProA. Il est par ailleurs un excellent rebondeur et passeur, et malgré son adresse à 3pts très irrégulière, il est un choix logique pour l’équipe de France. Bergeaud compte d’ailleurs sur l’association Kirksay-Diaw ensemble sur le parquet pour fomer un duo de créateurs sur le parquet, et cette idée est d’ailleurs particulièrement séduisante.
Des choix plus évidents à l’intérieur
On pourrait aussi disserter sur la non sélection de Johan Petro, le pivot des Sonics en NBA, mais son attitude à la limite lors du dernier mondial, ainsi que ses performances médiocres en NBA, l’ont rapidement poussé hors de la course à l’euro. A sa place, Pape Badiane (qui a par ailleurs remplacé Ian Mahinmi) semble un choix logique : un pivot de grande taille, très mobile, excellent dans le registre rebond/défense, sortant d’une très bonne saison avec Roanne. Mais il sera cantonner un un rôle de 3ème pivot.
Au poste de pivot remplaçant, Claude Bergeaud a jeté son dévolu sur Ronny Turiaf. L’intérieur des Lakers, à l’état d’esprit exemplaire, grand ami de Boris Diaw et Tony Parker, les tauliers de la sélection, est capable d’évoluer aux deux postes d’intérieurs. Sa dureté sous les panneaux, ses qualités athlétiques, ainsi que son adresse à mi-distance seront une arme de choix pour les Bleus. Des qualités que l’on a d’ailleurs entrevue au cours des matchs de préparation, Ronny étant bien souvent le meilleur marqueur intérieur des Bleus.
Pour le poste 4, Florent Pietrus est apparu comme une évidence. Il est le seul français à évoluer dans un des meilleurs club d’Europe , à Malaga (malgré un temps de jeu très réduit) et a réalisé un mondial de très bonne tenue au milieu du marasme ambiant. Il sera d’ailleurs le vice-capitaine des bleus aux cotés de Boris Diaw.
Sous les panneaux, ce sera encore une fois Fred Weis qui sera chargé des tâches obscures. Le géant français (2m18) sera le dernier rempart intérieur des bleus. Son expérience et ses qualités de défenseurs seront une nouvelle fois précieuses, même si son jeu peut paraître bien obscur au premier abord puisque Fredzilla n’est ni scoreur, ni spectaculaire.
Quelques surprises à l’extérieur
- Yakhouba Diawara
- Photo : Hervé Bellenger/IS/FFBB
Dans cette sélection il est un joueur qui incarne la polyvalence : Yakhouba Diawara. Ce « couteau suisse », comme aime à le nommer Claude Bergeaud, est capable d’évoluer aux postes 2/3/4, et même si il semble plutôt dévolu aux postes 2 et 3, sa carrure d’intérieur et sa solidité peuvent en faire une rotation intéressante à l’intérieur. Au cours de la préparation, il a fait apprécier son adresse à 3pts, ses qualités de défenseur, et a souvent été le meilleur marqueur des bleus en l’absence de Parker et Diaw. C’est sans doute l’homme à suivre dans cette sélection.
Pour le poste de meneur remplaçant, le sélectionneur national a choisi la continuité avec Aymeric Jeanneau, auteur d’un superbe mondial en l’absence de TP. Sa saison moyenne, minée par les blessures, a cependant vite été oubliée grâce a de bonnes performances en préparation. Il fera apprécier sa vista et son adresse en progrès.
Enfin, la sélection de Yohan Sangare peut surprendre, mais tout comme Pape Badiane, il est avant tout un 12ème homme qui ne foulera sans doute que très peu les parquets espagnols. Sa polyvalence sur les postes 1 et 2 ainsi que ses qualités de défenseur ont fait la différence. Il est aussi un choix d’avenir et est le logique remplaçant de Yannick Bokolo, auteur d’une saison moyenne.
Des tauliers au sommet
Il est difficile de parler de basket sans parler de Tony Parker, car le meneur des Spurs est bel et bien le symbole du basket en France. Au cours de cette année pour le moins chargée, TP en aura vu de toutes les couleurs : champion NBA, MVP des Finals, mariage, ... Reste à conquérir un titre en Bleus, une tâche qui lui tient vraiment à cœur. Et il s’est donné les moyens de réussir dans sa quête ...
Grâce à un entraînement spécifique depuis 2 ans, Tony Parker est devenu une menace extérieure tout à fait crédible, LeBron James en témoignera. Cette nouveauté devrait lui permettre d’être beaucoup plus performant que par le passé dans le contexte FIBA où son jeu en pénétration était parfaitement connu et bloqué par les défenses européennes. Son adresse va lui ouvrir beaucoup plus d’opportunités, et il devrait pouvoir profiter de son premier pas supersonique. Mais tout celà est encore à l’état de suppositions ...
Enfin, il est temps de parler du capitaine de la sélection : Boris Diaw. L’ailier multifonction des Suns sera la clé de voûte du collectif français. Sa possible absence qui a longtemps plané sur la sélection française aurait été une catastrophe, car le jeu de l’EDF mis en place par Claude Bergeaud est fondé sur son entente avec Tony Parker. Un axe majeur qui a semblé plutôt performant en préparation, prêt à rentrer dans l’arène espagnol pour venir glaner un ticket pour les JO, et pourquoi pas mieux ...