LE MATCH POUR LA CINQUIEME PLACE : FRANCE - LETTONIE
Les Bleues ont réussi à se remotiver pour conquérir cette 5° place synonyme d’un voyage à Rio en 2006. La Lettonie n’a pas pesé lourd et fut dominée dans tous les compartiments du jeu, sauf aux tirs à longue distance et aux contres.
Aux tirs à deux points : 48% contre 39% ; aux tirs à trois points : 40% contre 47% ; au rebond : 40/31 ; aux lancers francs : 78% / 54% ; en interception : 16/6 ; aux contres : 2/4.
Dumerc fut étincelante avec 16 points, 5 passes décisives et 2/4 à trois points. Le Dréan fit également un match plein : 12 points, 7 rebonds, tout comme Melain (7 points, 6 passes), Sauret-Gillespie (11/2/4), Hermouet (9 points dont 2/3 tirs primés), Godin, monstrueuse au rebond (10 points, 11 rebonds). Ndongue (6), Antibe (4), Lesdema (2), Gomis (2) complérèrent la marque.
L’équipe de France a parfaitement rempli sa mission au cours de cet Euro : elle n’est tombée que devant les deux favorites et futures finalistes. 5° attaque et 4° défense, elle est 2° à la différence de points (+74), derrière l’Espagne (+103). L’ancienne berruyère Ilona Korstin déclara que la France méritait mieux ; au moins la 3° place. Si on regarde le classement final, elle a 14 points et se place juste après la RTC (16) et l’Espagne (14). Elle devance la Russie (13 et +61) et la Lituanie (13 et +33) !
Alain Jardel disait après le match France - Russie qu’il lui manquait une joueuse de 205 cm et qu’il ne l’avait pas, allusion à l’avantage décisif apporté à la formation russe par Stepanova. Le basket moderne s’appuie sur 2 ou 3 pivots de grande taille et sur les tirs à trois points. Ceux qui pensent qu’on peut y arriver en jouant vite et en sautant haut font une erreur d’analyse. Ce serait vrai si les matchs ne duraient que 20 min et n’avaient lieu qu’une fois par semaine. Courir et sauter demande une débauche d’énergie et une concentration telles qu’il est impossible de tenir 40 min en jouant un match par jour ! Les pivots de grande taille et les tireurs à longue distance permettent, lorsqu’ils sont de qualité, de contrôler les débats sans puiser dans ses réserves. Même la dream-team US des JO de Barcelone, pourtant bien pourvue en joueurs rapides et montés sur ressorts (Jordan, Barklay, Drexler, Pippen), arriva avec des grands (Ewing, Malone, Robinson) et des tireurs à longue portée (Bird et Mullin), alimentés par des meneurs de génie capables aussi de marquer de loin (Magic Johnson, Stockton)
Les cadres (Le Dréan, Melain, Sauret-Gillespie) répondirent présentes. Godin et Dijon furent assidues au rebond même si cette dernière, au potentiel physique imposant, a des progrès à faire sur le plan technique. Antibe alterna le bon et le moins bon mais elle fut précieuse lors des moments difficiles. Dumerc et Hermouet étonnèrent tant à la mène qu’au niveau des tirs à 3 points. Ndongue montra des qualités intéressantes.
Ce groupe, toujours sous la direction (on l’espère du moins) de l’inusable Alain Jardel, enrichi peut être par de nouveaux talents, grandes, très grandes, sera de taille à contrarier de nouveau les meilleures équipes au Brésil, dans à peine un an. Le système des naturalisations pourrait, pourquoi pas, apporter les géantes dont nous avons besoin pour jouer le titre, même si, au Mondial, il y a la formation US : ces grandes sont rares et convoitées par tous, à commencer par leurs pays d’origine qui tiennent à les conserver.
LE MATCH POUR LA MEDAILLE DE BRONZE : ESPAGNE - LITUANIE
Il opposa l’Espagne et la Lituanie et se termina par le score sans appel de 83-65.
Valdemoro (15 points, 10 rebonds) domina les débats côté ibérique : elle fut bien secondée par Montanana (21 points), Fernandez (19 points) et Ferragui (12 points)
L’adresse fut au rendez-vous : 51% à deux points (22/43), 41% à 3 points 7/17) et 90% aux lancers francs (18/20). On y ajoutera 31 rebonds, 12 passes décisives, 15 interceptions, 4 contres et 10 balles perdues.
Du côté de l’équipe balte, 46% aux tirs à deux points (18/39) , 39% à 3 points (7/18), 73% aux lancers francs (8/11). 26 rebonds, 10 passes décisives, 8 interceptions, et 19 balles perdues.
Valuzyte (13), Macauskaite (13 points, 4 rebonds), Sulciuk (11) et Bradezekyte (9) furent les joueuses les plus remarquées.
La Lituanie termine en 4° position flatteuse pour elle car la France lui a été supérieure et méritait cette place...
LA FINALE : RTC - RUSSIE
Le match démarra tambour battant et l’équipe russe, fidèle à nos prévisions, imposa une bataille sous les panneaux qui lui permit de dominer une équipe tchèque complexée par les défaites successives essuyées devant leur ancien suzerain.
A la pause, la Russie caracolait en tête sous l’impulsion des surprenantes Arteshina et Rakhmatulina, tandis que Stepanova occupait toute la défense tchèque : 43-31 pour les protégées de Grudin. A la reprise, Arteshina prit d’entrée sa 4° faute et sa sortie désorganisa quelque peu le jeu jusque là bien huilé de son équipe. Les Tchèques en profitèrent pour revenir progressivement notamment grâce à Machova, Vecerova, Pavlickova et Nemcova : 49-46. Korstin, bien connue du public français se démena comme un beau diable et malgré les contres tchèques rapidement menés, elle permettait à la Russie de reprendre quelques longueurs : 55-60. Il y eut ensuite des moments de folie avec des balles perdues en veux-tu en voilà : cette période se termina à l’avantage des Tchèques qui égalisèrent à 68-68 grâce à un tir à trois points de Machova. Les Russes refirent un petit écart de 2 points vite anéanti par un tir primé de l’aile, expédié par Nemcova : 70-71. Une faute intentionnelle russe dans le money time offrit à Viteckova les lancers francs réparateurs dont elle ne convertit qu’un seul mais cela suffisait : les arbitres, excellents d’ailleurs tout au long de cet Euro, sifflèrent la fin des hostilités sur le score de 72 à 70 en faveur de la RTC qui méritait ce titre : aucune défaite, 8° attaque mais meilleure défense et troisième à la différence de points (+68)
Les stats du match :
tirs à 2 points : 23/49 (47%) pour la RTC ; 25/53 (47%) pour la Russie
tirs à 3 points : 6/16 (37%) contre 2/5 (40%)
lancers francs : 8/14 (57%) contre 14/20 (70%)
rebonds : 27 contre 41
passes décisives : 16 contre 8
interceptions : 8 contre 5
contres : 7 à 6
balles perdues : 8 à 19
Les performances des joueuses :
Nemcova (18 points dont 2/3 à 3 points), Machova (9 points, 12 rebonds, 4 passes décisives, 1/4 à 3 points), Vecerova (12/3/3), Pavlickova (11/5/2), Viteckova (12/2/5), Vesela (4/1/1), Klimesova (3/0/1), Vesela (4/1/1) et Uhrova (1/0/1) pour la RTC.
Stepanova (18 points, 12 rebonds, 1 passe), Arteshina (11/7/0 avec 2/2 à 3 points), Rakhmatulina (11/2/4), Abrosimova (8/4/1), Korstin (9/10/0), Shakirova (9/3/0), Shchegelova (4/1/2), Namushina (0/1/0) et Karpova (0/1/0) pour la Russie.
L’ANALYSE DE L’EURO 2005 FEMMES
Ce fut un Euro de bonne qualité, supérieur en qualité aux derniers JO et au dernier Mondial. Le basket mondial se trouve en Europe et le reste du monde se limite aux USA, à l’Australie et peut être à la Chine et Cuba.
L’arbitrage fut excellent et aucune critique ne peut lui être adressée.
L’organisation fut parfois curieuse mais le reproche majeur qu’on peut lui adresser est d’avoir été incapable de remplir les salles, fut-ce en diminuant le prix des places ou en accordant la gratuité à certaines catégories de la population : pauvres, étudiants, scolaires, femmes, enfants...les équipes eurent bien du mérite à se battre et à fournir un superbe spectacle devant des banquettes vides ! On notera toutefois la qualité du show offert par de superbes pom-pom girls...
La couverture médiatique en France fut très partiellement assurée par la filiale de Canal plus ( SPORT +), avec en particulier le très sympathique David Cozette (Georges Eddy se réservait pour l’Euro hommes) et, comme consultante, l’idole des basketteuses ; l’ancienne berruyère et meneuse des Bleues, Yannick Souvré.
Elle doit encore apprendre le dur métier de commentateur sportif mais elle apporta des précisions intéressantes sur la psychologie des joueuses, sur leurs états d’âme et sur leurs forces et faiblesses. A la TV, le grand risque est de décrire (souvent en hurlant) les actions que le téléspectateur voit en même temps que le commentateur ou de parasiter le micro avec des anecdotes sur la vie privée des filles, sur le montant de leurs contrats ou de leurs gains annuels ! On y ajoutera les fautes habituelles qui font se hérisser les cheveux des professeurs de français comme dire du second marqueur qu’il est le deuxième meilleur marqueur alors que la définition de meilleur est « ce qui est préférable à tout » Le meilleur marqueur est le premier du classement : pour les suivants, il suffit de dire second, troisième, quatrième...à moins d’envisager un classement palindromique qui serait utile pour les play offs : les huit équipes de tête classées de 1 à 8 et les huit équipes suivantes classées de 8 à 1 : on pourrait parler du 2° meilleur (second ) et du 2° plus mauvais (15°)
La couverture par la presse écrite de l’Euro femmes fut correcte sans plus. Sur Internet, en dehors de basketinfo.com, l’équipe.fr a donné des infos satisfaisantes mais il a fallu attendre la veille de l’Euro 2005 pour voir la présentation de la compétition : il y avait encore l’Euro 2003 !
Sur le site de la FIBA.com, peu de choses sur les filles : il faut fouiner longtemps pour trouver la composition des équipes ou les résultats des compétitions passées. Un élément positif toutefois : les matches étaient donnés en direct dans les moindres détails et il ne manquait à ce direct que les images du match lui-même.
Les médias font une couverture qui dépend de son importance pour les sponsors et pour les publicitaires. L’ordre des sports est implacable : foot, tennis, F1, rugby, cyclisme, volley et enfin, lorsqu’il n’y a rien à téléviser, le basket, de préférence masculin : pour le basket féminin, on télévise quand on peut les rencontres qui impliquent la France et les plus médiatiques des autres çàd essentiellement la finale ! Le hand ball est encore plus mal loti malgré les succès de l’équipe de France...
L’Euro 2005 des femmes a vécu : vive l’Euro 2005 des hommes qui débute en Serbie le 16 Septembre : la France largement labellisée NBA (Parker, Diaw, M. Pietrus mais sans TAW, Moiso, Petro, Turiaf), généreusement pourvue, comme les Bleus footeux de 1998, en joueurs opérant dans des grands clubs européennes (Gelabale, Julian, Rigaudeau, F. Pietrus) est attendue au tournant ! Les prétendants au titre sont nombreux : la Serbie chez elle, la Lituanie, la Grèce, l’Italie, l’Espagne, la Russie, la Turquie, voire l’Allemagne, la Slovénie, la Croatie...la France manque de grands pivots à moins que Fred Weis se décide et obtienne le feu-vert de son nouveau club, Bilbao, qui se fait tirer l’oreille sans doute pour obtenir une compensation financière non prévue par la FIBA. Côté tireurs à 3 points, indispensables, il y a bien Parker, Rigaudeau, Pietrus et Diaw mais le premier ne peut pas être constamment au four et au moulin et les autres sont bien inconstants dans cet exercice cher aux Lituaniens, aux Espagnols, aux Italiens, aux Turcs et aux Serbes qui de surcroît, ont des grands eux et bon nombre de pensionnaires ou d’ex-pensionnaires de la NBA ( Jaric, Radmanovic, Stojakovic, Rebraca, Drobnjak, Sundov, Kirilenko, Morgunov, Pavlovic, Krstic, Milicic, Udrih, Nesterovic, Brezec, Nowitzki, Giricek, Kasun, Planinic, Turkoglu, Kutluay, Okur, Besok, Fotsis, Navarro)
En ce qui concerne les grands (≥ 210 cm), toutes les équipes en possèdent 1 (Lettonie), 2 (Bulgarie, Espagne), 3 (Grèce, Slovénie, Bosnie-Herzégovine), 4 (Serbie-Montenegro, Turquie, Italie), 5 (Russie, Allemagne) ou 6 (Croatie, Lituanie, Ukraine)
La France aurait pu en avoir 2 (Petro, Weis) mais l’un est retenu par Seattle qui vient de le drafter et l’autre par Bilbao. Notre géant sera Julian (206 cm) !
Pour tous ces motifs, il faut savoir raison garder et ne pas attendre des Bleus qu’ils décrochent la lune ! En dehors des grands et des artilleurs à longue distance, certaines équipes possèdent aussi des joueurs capables de faire la décision à eux seuls (Bodiroga, Kirilenko, Nowitzki, Jaric, Turkoglu, Kutluay, Marconato, Galanda, Basile...)
Les Bleus, on vous souhaite bonne chance et faites ce que vous pouvez : personne ne vous en voudra si vous n’êtes pas champions d’Europe 2005 : une qualification pour le Mondial 2006 au Japon sera déjà une belle performance !
LE PALMARES DE L’EURO 2005 FEMMES
. Championne d’Europe : la République Tchèque : médaille d’or
. Vice-championne d’Europe : la Russie : médaille d’argent
. Troisième : l’Espagne : médaille de bronze
. Quatrième : la Lituanie
. Cinquième : la France
Ces 5 équipes sont qualifiées pour le Mondial 2006 qui aura lieu au Brésil.
. MVP de la compétition : Maria Stepanova (Russie)
. 5 majeur de l’Euro 2005 : il sera annoncé dans les jours qui viennent par la FIBA : on devrait y trouver Stepanova, Valdemoro, Machova, Nemcova, Jekabsone ?