Un flagrant déficit de développement économique
Cette succession d’échecs entre basket français et télévision a contribué à la stagnation économique de la discipline avec un budget moyen de Pro A à peine supérieur à ce qu’il était 10 ans auparavant (2,9 millions d’euros), noyés que sont les droits télévisuels dans les 8% « autres produits ».
Comparativement le budget moyen des clubs de foot de 1ère division est passé de 13,8 millions d’euros en 1995/1996 à 35,7 millions d’euros en 2001/2002 soit une augmentation de 160% !!
Même essor dans des proportions moindres pour le rugby avec un budget de moyen de « top 16 » de 2,15 millions d’euros en 1997/1998 à 5,69 millions d’euros en 2002/2003.
Dans les deux cas, l’augmentation provenant exclusivement des droits télévisuels.
Comment le basket a perdu la bataille de l’audience
La raison de l’échec vient de l’incapacité chronique du basket à rassembler des téléspectateurs en nombre suffisant.
Erosion progressive de l’audience et des parts de marché avec en point d’orgue 600 000 téléspectateurs et 7,3% de parts de marchés en 2001/2002.
Même situation sur Canal+ avec une audience de 250 000 téléspectateurs, quand le rugby considéré comme sport méridional atteignait les 500 000 dès son lancement, un samedi sur une chaîne cryptée.
Logique médiatique oblige, un sport ne parvenant pas à recueillir une proportion suffisante d’audience est relégué sur des chaînes thématiques moins exposées donc moins rémunératrices.
Pourquoi le basket a perdu la bataille de l’audience
Mais si c’est une chose que de constater un déficit d’audience, c’en est une autre de l’expliquer.
A ce titre il est étonnant de voir qu’aucune étude de référence n’ait été sollicitée, la télévision n’ayant jamais fait l’objet d’un chantier de première importance pour les instances dirigeantes.
A défaut, sont régulièrement avancées :
La pénurie de stars médiatiques et d’un chef charismatique, l’avènement de Tony Parker comblera peut être cela.
L’absence d’un évènement majeur à l’instar du tournoi des six nations, même si le relookage du All Star Game dans un Bercy plein (2002) de 12 000 personnes ou la coupure de la semaine des as pourraient y remédier.
L’incapacité de l’équipe de France à jouer un rôle de locomotive, même si Sydney 2000 contredit cet état de fait, la médaille d’argent fût noyée dans le lot des médailles françaises et retransmise à une heure matinale.
Pourtant le titre du CSP en 1993, en prime time, en clair et décidé à la hâte attira 5 millions de téléspectateurs et fît 30% de parts de marché.
La finale féminine de championnat du monde de hand en 1999 (6,20 millions de téléspectateurs et 38,4% de parts de marché sur France 2), la finale masculine de championnat du monde de hand en 2001 (8,25 millions de téléspectateurs et 51,1% de parts de marché sur France 2) montrèrent que pour peu que leurs équipes soient compétitives, les sports « mineurs » pouvaient attirer une frange conséquente de téléspectateurs.
Le caractère hermétique des règles par rapport à l’universalité du foot, quoi que par rapport au rugby cet argument ne tenant pas.
Le fait de voir son dénouement se dessiner dans les derniers instants laisserait à penser que le basket serait plus propice aux « highlights » qu’aux retransmissions intégrales.
Le basket « sport de jeunes » (streetball et NBA) ne déboucherait pas sur une consommation télévisuelle car celle-ci augmenterait avec l’âge, les retraités étant les plus « accrocs ».
Les adolescents et jeunes adultes regarderaient moins la télévision qu’un public plus casanier, plus installé dans la vie.
La meilleure tranche horaire pour le basket dans un contexte de concurrence acharnée rejoindrait la seconde voir troisième partie de soirée.
Aucune étude n’a jamais été diligentée par les instances dirigeantes pour déterminer le profil du « téléspectateur basket » et s’intéresser réellement aux impératifs télévisuels.
Une carence invalidante
Car dans ce contexte, la Ligue Nationale de Basket a fait preuve d’un immobilisme coupable depuis sa création en 1987.
Peu disposée à la délégation, elle n’emploie que 5 permanents, réside à la même adresse que sa fédération de tutelle (F.F.B.B.), lorsque la ligue A.C.B. compte près d’une cinquantaine d’employés et possède ses propres locaux, la Ligue Nationale de Rugby (L.N.R.) 5 ans après sa création, avait une quinzaine de salariés.
Contrairement à la F.F.B.B. fréquemment épinglée pour sa gestion de l’image de l’équipe de France, elle a souvent été épargnée jusqu’à peu.
Peut être est ce la conséquence de sa stratégie récente (2002/2003) qui visait à ne plus répartir les droits télévisuels et marketing nationaux aux clubs pour les investir dans des actions d’intérêts généraux (communication, reformatage des compétitions, renforcement de l’équipe salariée, appels à des conseils extérieurs,...).
A l’heure de la concurrence basket/rugby dans les années 90, il aurait été essentiel de développer la communication médiatique, quand les clubs de rugby avançaient groupés derrière leur président Serge Blanco.
Faisant montre tantôt de laxisme vis-à-vis de ses clubs qui contrariaient son autorité sans les sanctionner, tantôt de manque de pragmatisme par rapport aux besoins de ces mêmes clubs, elle s’est maintenue dans une logique d’offre immédiate, ignorant la demande, elle n’a pas su prendre à sa charge certaines nécessités des uns (les clubs) et les spécificités des autres (publicité sur les chaînes télévisées).