- Nicolas Batum
Commençons d’abord par saluer la performance. Trois matchs, trois victoires. La manière ? Qu’importe. La grande nouveauté de cette équipe version 2009, c’est sa capacité à rebondir, et à rebondir vite, dans le courant d’un même match. Autant l’on avait pu défaillir par le passé devant l’incapacité chronique des joueurs (voire du staff) à réagir dans les situations critiques qu’amène nécessairement le basket à la mode FIBA, autant l’on peut voir cette année une bande de potes enfin rassérénés (si le basket est poésie, ne lésinons pas sur les bons mots !) et confiants au moment de faire la différence, c’est-à-dire pendant le Crunch-time. On a dit par exemple que TP en faisait trop (cf. le premier quart du premier match contre les Belges). Sitôt dit, sitôt fait ! Des premières mi-temps moyennes voire médiocres, indignes de son talent. Tony paniquerait-il ? Que nenni, il prend gros shoots après gros shoots et amène l’équipe de France à bon port à chaque rencontre.
De manière générale, la génération dorée de Zadar semble enfin gouter à la maturité. Quel bonheur ! Ronny Turiaf, en premier lieu. On le connaissait « warrior » de nature, mais il nous montre désormais une consistance très intéressante dans des combats souvent à son désavantage à l’intérieur avec les mastodontes allemands, puis lettons et finalement russes. Le dernier larron, le Bobo de Bordeaux, lui paraît monter lentement mais sûrement en température, comme s’il sentait que la compétition s’annonce encore longue. Ceux-là même que l’on sait capable de jouer les yeux dans les yeux avec les tous meilleurs de la planète orange, seraient-ils enfin prêts ?
La France de la diversité
Les attentes sont énormes. On l’a vu, on l’entend, on le lit. On le dit. Mais plus on le dit, plus on l’attend. Cette breloque. Plus que jamais, cette équipe représente une France belle à voir, celle des îles de la Martinique et de la Guadeloupe, celle des enfants d’immigrés, du métissage qui défend les couleurs nationales : la France de la diversité en somme ; que la foule peut aisément acclamer tant son amour du maillot semble indéfectible. La marge de progression se situe précisément dans cette possibilité de concrétiser un potentiel que l’on connaît maintenant par cœur (sans mauvais jeu de mots, Tony !). Mais avec un savant mélange de générations en supplément, il s’agit de conserver cette foi intérieure qui unit joueurs et entraîneurs vers le but ultime. La route est certes encore longue, et les données du problème vont se complexifier : Macédoine (en entrée), Croatie, et Grèce (en dessert) se dressent devant l’équipe de Vincent Collet. Une victoire nous offrirait une place pour les quarts de finale mais les Bleus ne sont pas rassasiés. Ils veulent tout gagner, et on n’ira pas les contredire. La motivation est palpable dans le camp français, nourri de ces multiples désillusions, fantômes du passé devenus motivation du présent. Mais une forme de sérénité a fait son apparition ; et au risque de se répéter, cela est bien le grand enseignement du premier tour achevé à Gdansk. Que cela soit en défense (contre la Lettonie en dernier quart-temps par exemple) ou en attaque (contre la Russie encore en deuxième mi-temps), la France a su élever son niveau de jeu pour passer les embûches.
It’s Benchtime !
Le tour de force sera de transformer ces séquences de jeu exceptionnelles en une routine d’équipe. Un des défis majeurs sera en l’occurrence de voir quel sera l’apport du banc au second tour. Car, tout bon connaisseur de la balle au panier de niveau international vous prendra par l’épaule et vous dira bien gentiment qu’un Euro, ça se joue en deux semaines. Et qu’ainsi, c’est l’intégralité de l’équipe qui doit, comme un seul homme, répondre présent à l’appel. Il ne faut pas s’enflammer, se « gargariser » selon le coach. Et le technicien a raison, c’est l’équipe qui gagnera par sa solidarité : défense collective et circulation de balle comme ligne de conduite. Mais on a déjà entrevu des bribes très prometteuses. Encore ces fameuses séquences. D’Ali Traoré. De Nando de Colo. Les tauliers vous invitent à danser : let’s get down to it !