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EDF : Remettre les Bleus en perspective

vendredi 18 septembre 2009, par Emmanuel Laurin

La défaite espagnole fait mal, très mal à une équipe de France qui avait démontré de belles choses sur un deuxième tour qu’elle avait dominé de la tête et des épaules. L’ogre espagnol s’est malheureusement réveillé à temps pour se qualifier, et nous barrer le chemin...

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Pau Gasol

Ce quart de finale ne doit pas nous hanter. Il est loin d’être aussi dramatique que cette demi-finale perdue contre la Grèce à l’Euro 2005. Il est loin d’être aussi capital que les matchs de classement, tous perdus, à Madrid il y a de cela deux ans. Non, ce match (et ce clinic d’un basket à la mode FIBA) doit au contraire nous indiquer quel est le chemin à suivre pour deviser (sans dévisser) les yeux dans les yeux avec ce qui est, soyons très honnêtes, la seule équipe au monde à pouvoir titiller les monstres américains. S’il était un match à ne pas perdre, c’était celui de Cagliari. Le match piège par définition. Celui de Katowice n’était qu’une étape supplémentaire dans la mission rédemption entamée depuis maintenant plus d’un mois par le camp français.

La souffrance est réelle pourtant. Le parcours de l’équipe de France dans cet Euro est en tout point remarquable. Revenue du diable Vauvert, après ces qualifications à la vie à la mort, sortir seule équipe invaincue relève quasiment du tour de force. L’histoire regorge cependant de bien des mystères et le hasard (la poisse serait-on tenté de dire) a voulu que cela tombe sur la France.

La tuile espagnole

Tomber sur l’Espagne en quart de finale, peu de spécialistes pouvaient nous prédire un tel scénario. Arrivée certainement un peu trop sûre de sa force, la seleccion a frôlé la mort, joué avec le feu, pédalé dans la paella (retenez l’analogie qui vous plaira) mais a finalement su élever son niveau de jeu ; pour se qualifier in extremis, et surtout pour atteindre les demies. Et il ne serait pas étonnant de les voir monter sur la plus haute marche du podium tant elle a paru hier renaître de ses cendres et retrouver enfin le niveau de jeu collectif de son dernier tournoi olympique. Avec une pression défensive de tous les instants, et la domination écrasante de Pau Gasol, l’Espagne était intouchable. Les joueurs l’ont immédiatement reconnu après-coup (et quel coup !) : l’adversaire était plus fort. C’est comme si le match avait été joué à l’avance. La différence entre les deux équipes est celle du vécu collectif, de la maturité technique, de l’expérience du très haut niveau. Tous ces petits riens qui n’en sont pas, et qui séparent les bonnes équipes des très grandes.

A regarder le match, on se prenait la tête à deux mains. Cette génération espagnole est tout simplement incroyable ! Tous les postes sont garnis à double couche ; pétris de talent offensif et nourris d’une vie collective riche car longue d’une dizaine d’années. Vous mettez Gasol et Gasol à l’intérieur, il reste encore Reyes et Garbajosa. Vous voyez Ricky et Rudy et Juanca à l’extérieur, vous savez qu’il y a encore Raul, Mumbru, voire le petit Llull (et qu’il manque Calderon !). C’est presque injuste.

Sur la bonne voie, mais...

Les Bleus sont quant à eux en pleine croissance. Bien que décrits comme vétérans, les tauliers français (Parker, Diaw, Turiaf, Pietrus) restent assez jeunes sur la scène internationale. Ce genre de match est une leçon à apprendre. Elle est très riche d’enseignements car elle nous met face aux attentes réelles du plus haut niveau mondial. Alors, certes, on aurait toujours préféré ne pas avoir à réciter notre partition hier, et tomber face à un adversaire plus facile à jouer ; mais, désormais, on sait à quoi s’en tenir. C’est particulièrement au niveau de l’attitude qu’il nous faut encore grandir. La France s’est montrée trop tendre, surtout au début du match. Heure à laquelle l’Espagne était précisément prête à en découdre. Mais aucun joueur n’est véritablement à blâmer dans cette équipe, et c’est là un grand pas fait par le staff d’entraîneurs. Si l’on veut toujours voir plus de responsabilités prises en attaque par Babac, si l’on aimerait voir Nando faire tous les bons choix dans sa sélection de tirs, si l’on aimerait que Nico Batum soit sur tous les posters dunks, il nous faut garder patience. Le talent est présent. Reste à le mettre en place. A le canaliser tranquillement. À l’image du parcours des espagnols entaché de certains échecs cuisants, notamment lors de leur propre Euro, rien n’est facile dans l’Europe du basket. Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain.
La France doit se durcir mentalement et physiquement. Ce sera tout l’intérêt d’une configuration incluant à la fois Jooks et MP20 l’an prochain. Mais l’an prochain, c’est déjà demain. Et rebondir après une telle épreuve, c’est déjà faire preuve de dureté. Alors surtout pas de grippe madrilène dans le moteur français...