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Interview Ahmed Fellah : « Ca va être une saison spéciale »

dimanche 12 novembre 2006

Il est avec Marco Pellin la révélation française de Pro A au poste de meneur. Après plusieurs saisons en Pro B, Ahmed Fellah a participé, la saison passée, à la formidable aventure qui a conduit Orléans en Pro A. Cette saison, il partage avec Pierrick Poupet les reines d’une équipe qui a su s’adapter au championnat. Nous l’avons rencontré après la victoire contre Nancy. Humilité, ambition contenue et beaucoup de justesse, voilà le contenu du discours de l’interview exclusive d’Ahmed Fellah.

Est-ce que tu peux dire un mot sur la victoire de ce soir face à Nancy, sachant qu’aucune équipe de Pro A n’était venue gagner ici depuis presque une année ?

C’est une bonne chose, je ne veux pas faire de fausse modestie mais on savait qu’on pouvait gagner. On n’arrivait pas en terrain conquis, loin de là mais je pense qu’ils nous ont un peu sous estimé, ce qui peut être normal. On s’est fait un peu peur sur la fin (ndlr : après avoir mené de 11 points au début du dernier quart temps, Nancy est revenu à égalité à 5 minutes de la fin) et je pense que le score ne reflète pas vraiment la physionomie du match.

Ce soir vous affichez un bilan équilibré de 5 victoires pour 5 défaites, votre début de saison est très bon pour un promu...

On aurait pu faire mieux si on n’avait pas laissé échapper le match à Hyères Toulon et Paris chez nous alors qu’on menait de 10 points. En venant gagner ici, on équilibre la balance et c’est vrai que c’est un bon début de saison.

Votre équipe est très homogène, c’est costaud à l’intérieur, il y a du talent dans les ailes et à la mène tu es associé à Pierrick Poupet. Une paire de meneurs français dans une équipe qui marche, tu en penses quoi ?

C’est super, j’espère que ca donnera des idées à d’autres coachs. J’ai la chance d’avoir un coach qui a une confiance aveugle en nous. On essaye de ne pas trahir sa confiance et de prouver sur le terrain qu’on peut jouer. Pour le moment ca se passe plutôt bien, on a jamais eu de mal contre des meneurs américains. Ce soir, je crois que John Linehan a même eu un peu de mal. On sait ce qu’on doit faire, moi j’ai un rôle de gestionnaire. C’est vrai qu’on est une équipe homogène, chacun son tour on sort un gros match et c’est mieux comme ça.

En tant que jeune meneur français, ce n’est pas dur parfois de faire passer son message sur le terrain ?

Non, je pense que si je devais me trouver une qualité c’est ça justement. Je m’en fous que le joueur viennent de NBA ou de Pro B. Si je dois gueuler, je gueule. Je sais que sur le terrain, c’est moi qui décide.

Tu as beaucoup parlé à Terence Dials ce soir...

Terence est jeune et j’essaye de beaucoup le conseiller. En plus l’axe poste 1-5 est très important dans une équipe. S’il y a quelque chose qui ne va pas, j’essaye de rectifier le tir tout de suite et depuis le début de la saison, ça se passe bien.

Est-ce que tu penses qu’Orléans peut se qualifier pour les playoffs et être le Bourg en Bresse de la Semaine des As ?

Je ne sais pas du tout. Je pense qu’il ne faut pas brûler les étapes. Au début de saison, après notre victoire face au Mans, on nous a vu trop beau. Pour le moment, ce qu’on veut, c’est qu’avant le break de noël, on ait un bilan positif. Après on continuera de jouer le maintien. Pour l’instant, on n’est pas une équipe de playoffs. L’année la plus dure, c’est la première en Pro A, il faut pérenniser le club en Pro A.

On te découvre cette année dans le championnat de Pro A, est-ce que tu peux nous dire quel a été ton parcours jusque là ?

Je viens de la banlieue parisienne, dans l’Essonne. J’ai fait partie de la génération choletaise avec Claude Marquis, Cédric Ferchaud... A Cholet, ça s’est moyennement passé. Je suis allé à Angers pendant 3 ans et j’ai fait une saison en N1 à Nanterre. Ensuite, j’ai eu la chance d’avoir Alain Thinet comme coach à St Etienne. Aujourd’hui, c’est grâce à lui que je suis là. J’ai pu engranger de la confiance et franchir un pallier là-bas. Maintenant, je joue depuis deux saisons à Orléans, je m’y plais beaucoup et j’espère faire une belle saison.

Penses-tu faire une grosse partie de ta carrière à Orléans ?

J’aime bien le club, les gens m’aiment bien et ma femme adore la ville. Si le club est en coupe d’Europe d’ici 3 ans et que j’y suis encore, ce serait bien. Pour le moment, c’est le meilleur club avec lequel j’ai joué.

Parlons un peu de la Pro A en général. Comment est-ce que tu analyses ce début de saison ? Pour info, Pau vient de perdre contre Roanne.

(Il se tourne vers Mohamed Kanté et lui lance avec le sourire) Eh, Roanne a battu Pau chez eux ! Comment est-ce que j’analyse ce début de saison... pff. Ca me laisse des regrets, si on n’avait pas laissé échapper des matchs à la con comme Hyères-Toulon et Paris, on pourrait être dans le haut de tableau... Ca prouve qu’il ne suffit pas d’avoir de grosse armada pour gagner. Il faut une certaine alchimie et continuité pour gagner. Et je pense que Roanne, qui a pris la tête du classement ce soir, représente le mieux ces notions. On a beau dire que Roanne joue avec 3 américains qui marquent 60% des points roannais, mais ça permet à Pellin de montrer que c’est un super joueur. Il y a Badiane aussi et j’en passe. C’est ma première saison en Pro A, je pense que ca va être une saison vraiment spéciale et à mon avis pour les petits c’est vraiment la bonne année.

Et comme on peut considérer Orléans comme un « petit »...

C’est clair qu’on ne se privera pas de gratter et essayer de jouer les playoffs ou la Semaine des As. On n’a peur de personne, on surestime/sous-estime personne et si ca marche, tant mieux.