La réaction de la L.N.B.?
Le sport professionnel français est organisé de telle sorte que les ligues ont besoin d’un « homme providentiel » à leur tête pour assurer le développement de leur discipline.
Cela passe inévitablement par une politique favorisant l’intérêt général au détriment des intérêts particuliers de ceux qu’elle contraint.
Or l’organisation des ligues fait la part belle aux représentants des clubs aboutissant à une organisation contre-productive en dehors de l’intervention d’un homme charismatique pour louvoyer entre les intérêts divergents et contradictoires.
Situation d’autant plus dommageable que le spectacle sportif nécessite un régulateur indépendant pour atteindre l’optimum : rigueur de gestion et développement doivent être menés conjointement.
A la Ligue de Football Professionnel (L.F.P.) avec Jean Sadoul puis Noël Le Graët, à la L.N.R. avec Serge Blanco, on retrouve des figures incarnant ce profil.
Dans le concert de la L.N.B., Jean Bayle Lespitau puis Alain Pelletier ont démontré des qualités de gestionnaire, mais le développement du basket passe nécessairement par des accords télévisuels requerrant une approche stratégique globale allant au-delà de l’urgence du court terme.
Président ou manager général salarié, la personne doit impérativement avoir un profil de « développeur ».
Un temps pressenti, Gérard Bosc n’a pas été choisi, laissant la place à René Le Goff.
Choix judicieux ?
Encore difficile à dire, toutefois on notera qu’il semble avoir mis la télévision comme une des principales priorités de la L.N.B., entre autre chose par une finale de championnat de France en match unique afin de favoriser sa retransmission sur France Télévisions.
Souhaitant aller plus avant, il a manifesté dans un passé très récent la volonté de négocier seul les droits télévisuels.
Toutefois il se heurte aux résistances de sa fédération de tutelle peu encline à déléguer certaines prérogatives ainsi qu’à celles des clubs peu disposés à faire de sacrifices sans bénéficier immédiatement d’une redistribution.
Epilogue
Dans un contexte de léthargie, en 2003 les instances dirigeantes ont néanmoins décidé de dénoncer le contrat qui les liait à Sport+, établissant pour la Pro A, les équipes nationales, la semaine des As, la coupe de France, la ligue féminine et le tournoi de la fédération, un bail avec T.P.S. pour un montant de 3,45 millions d’euros courant sur 3 ans (1,15 millions d’euros pour 2003/2004 et 1,1 millions d’euros pour les deux saisons suivantes).
Autre aspect, 600 000 euros d’espaces publicitaires dédiés à la promotion du basket professionnel ont été contractualisés, ceux-ci concernant T.P.S., mais aussi T.F.1 et M.6 (actionnaires de T.P.S.), même si les tarifs prohibitifs des chaînes hertziennes n’ont pas permit au basket de se les offrir.
Nous sommes à la période charnière de renégociation des droits, quelle sera la stratégie adoptée par la L.N.B.?
A l’heure des premiers bilans, l’accord avec T.P.S. a présenté deux inconvénients majeurs : d’une part, le faible nombre d’abonnés à T.P.S. (1,2 millions) contre 2,6 millions à Sport+ et d’autre part l’obligation pour le téléspectateur de s’abonner à deux bouquets pour voir l’étendue du « produit basket ».
Le mérite de la démarche a résidé dans une tentative pour inverser la tendance, même si les droits télévisuels de T.P.S. ont été 2,5 fois inférieurs à ce qu’ils étaient en 2000 avec Sport+ et France Télévisions.
Courant des années 90, il est fort regrettable que la L.N.B. n’ait pas su faire jouer la concurrence par des appels d’offres en bonne et due forme comme a su le faire la L.N.R., n’hésitant pas à faire monter les prix en mettant en concurrence Canal+ et T.P.S.
En refusant dans un premier temps des droits jugés insuffisants, elle a su faire renégocier à la hausse, pour aboutir à des droits 20 fois supérieurs à ceux du basket !
Actuellement malgré ce nouveau partenariat, un évènement inquiétant a fait resurgir l’image d’une ligue noyautée par les intérêts particuliers : Sous la pression des clubs, la L.N.B. est revenue en partie sur sa décision de ne pas répartir les droits télévisuels 2002/2003 initialement prévus pour la promotion du basket professionnel et le renforcement des structures.
Volte-face qui a rapporté...10 000 euros à chaque clubs et mais a « plombé » les objectifs primordiaux qu’elle s’était imposée.
Cela témoigne, si le besoin était encore, ce travers récurrent de la culture du renoncement et l’incapacité désormais séculière de respecter la ligne de conduite fixée, au-delà de l’immédiateté.
Devant ce déficit d’image et de droits télévisuels attenants, les dirigeants du basket français appellent de leurs vœux des hommes providentiels « grands argentiers » pour relancer le basket selon une logique : argent => structures affinées et budgets en hausse => résultats à la hausse => exposition médiatique accrûe => droits télévisuels augmentés =>...
A la question : « Quels seraient, selon vous, les cinq hommes forts incarnant le présent et l’avenir du basket français ? »
Yvan Mainini (Président de la F.F.B.B.) répondait : « Arnaud Lagardère. Lui ou un autre, car son groupe a les moyens de faire que le basket grandisse, sous la réserve que ce sport ne perde, sinon ses valeurs, du moins ses comportements ».
Cela en dit long sur les mentalités.
D’une part car c’est oublier que l’argent va vers l’argent et que « l’on n’attire pas les mouches avec du vinaigre » ; les argentiers s’étant déjà lancés dans le basket, ont à plus ou moins brève échéance, changé de sport ou d’activité, en grande partie du fait de titanesques forces de résistances aux changements.
D’autre part car cela en dit long sur la foi véritable accordée aux médias audio-visuels comme moyen principal de développement du basket ; ces mêmes dirigeants qui s’aventuraient il y a 14 ans sur le terrain du « basket comme sport de l’An 2000 » lorsque l’impact médiatique de la N.B.A. sur Canal+ ou de la Dream Team des J.O. de Barcelone avaient en grande partie ouvert la voie.
En 2006, le poids économique du basket français rejoint son poids médiatique, montrant que la réalité est beaucoup difficile à vivre que le rêve.