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Les Lucky Luke de la Pro A

mercredi 7 avril 2010, par Aurélien Hipp

Hasard du recrutement ou vraie stratégie, la Pro A accueille cette année plusieurs joueurs particulièrement attirés par un arrosage en règle du cercle, souvent avec un certain succès. Basket Info a donc choisi de mettre en lumière ce profil de joueur si particulier, gourmand mais en même temps si spectaculaire, prévisible mais souvent si précieux dans une équipe. Et ce côté psychopathe du shoot méritait bien un article de toute façon ;)

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Anthony Roberson

Le basket a ceci d’universel qu’il peut plaire, de diverses manières, à des fans qui ont une approche du jeu bien différente, de l’un à l’autre. Si certains seront sensibles à la puissance et aux moves dos au cercle d’un poste 5, d’autres seront fascinés par le poignet magique de certains artilleurs longue distance.

On peut y voir une preuve que le niveau de la ProA progresse, mais toujours est-il qu’un profil particulier de joueur a largement muté depuis quelques années. Le pari était d’autant plus osé à l’époque où seuls 2 US étaient tolérés, mais certains clubs l’ont fait : Ross Land, Fred Vinson pour Nancy, Keith Veney à Pau ou Darren Henrie pour l’ASVEL, ou encore Cain Doliboa à Mulhouse , on en passe et des meilleurs, ces shooteurs exclusifs, incapables de créer du jeu et parfois même leur propre shoot ont bel et bien joué au plus haut niveau français, certains avec une belle réussite d’ailleurs.

En terme de "basket pur", il peut paraître difficile d’être séduit par des joueurs aussi focalisés sur un secteur de jeu et relativement limités dans tous les autres.Et pourtant...il y a quelque chose de fascinant, intriguant chez ces monomaniaques du tir à 3pts, disciples d’un Reggie Miller par exemple, par leur capacité à prendre 90% de leur tirs derrière la ligne ou d’armer d’à peu près n’importe où sur le terrain.

Depuis quelques années, le "shooteur exclusif" étranger a tendance à se raréfier. Mais d’une certaine façon cette qualité perdure et fait l’apanage de joueurs plus complets, plus talentueux aussi. Plus scoreurs dans l’âme que simples shooteurs, ils sont capables de coups de folie incroyables. Et cela les coaches le savent...

Quel autre joueur laisserait-on tirer 16 fois à 3pts dans le même match ? Tout l’art de l’entraîneur consiste à jongler sur l’ensemble de son effectif, à utiliser cette carte maitresse en quantité et en timing opportuns, en sachant que cette arme peut également plonger son équipe vers la défaite. Ces joueurs, capables d’armer à 9m comme de s’arrêter à 3pts en contre-attaque à 3 contre 1, ont tous ce grain de folie en eux qui marquent les esprits.

Tout dépend ensuite si l’on criera au fou ou au génie en regardant par exemple Thomas Heurtel armer à 10m alors que son équipe est menée de 2 points à Paris.. Fred Sarre peut-il maitriser ses pulsations cardiaques quand Anthony Roberson et Heurtel sont ensemble sur le terrain ? Certes son équipe n’est peut-être jamais aussi vulnérable que dans cette configuration. Mais elle n’est certainement jamais aussi dangereuse.

Thomas Heurtel, Pierre Pierce ou encore Derrick Obasohan auraient pu rejoindre cette catégorie mais il faudra encore shooter un peu plus et un peu mieux pour mériter le label : "machine à shooter". Une mention accordée haut la main et avec les honneurs à 3 gâchettes de notre ProA, présentées ici dans un petit focus :

Anthony Roberson : 18.6pts/ match et 9.3 tirs à 3pts tentés

Auteur de 31 tirs à 3pts sur les deux dernières journées, on comprend mieux pourquoi feu le Paris Basket Racing n’a pas conservé ce joueur arrivé pour jouer...meneur. 30 secondes de video de match suffisent à montrer qu’il a le bras le plus rapide du championnat avec Vassallo. De toute la liste, c’est certainement le plus "allumé" de tous. Capable de balancer 3x de suite à 9m, c’est le prototype de l’américain qui ne perd jamais confiance. Celui qui annoncerait qu’il vise le titre avec une équipe dernière du championnat. Mais quel poison pour une défense : la plupart des tirs qu’il prend font mouche, qd il rate c’est souvent de très peu. Le hic c’est qu’il est aussi dévastateur avec son shoot que tricheur en défense. Le profil parfait de sauveur pour grosse équipe qui a raté sa saison. Il a bien des défauts, mais a aussi l’immmense qualité de ne pas être Terrell Harris.

Cedrick Banks : 17.1pts/match et 7.9 tirs à 3pts

Le modèle à suivre pour ses petits camarades. On est désormais loin du jeune rookie débarquant à Besançon avec toute sa famille et qui a voulu rentrer chez lui asap. Après avoir passé des cartons mémorables en Pro B (40pts 2x contre Mulhouse), Cedrick Banks est lui aussi capable d’armer à 3pts une bonne dizaine de fois par match, certes un peu moins souvent que son compère Roberson (7.9 par match contre 9.3). S’il faut replacer cette moyenne dans le contexte plus collectif d’Orléans, Banks est néanmoins l’électron libre de l’équipe de Philippe Hervé. Ce dernier qui aura contribué à en faire un joueur parmi les plus talentueux offensivement de la Pro A, capable de creuser des différences énormes avec son tir main gauche. Pas si loin d’un Dewarick Spencer offensivement, Cedrick Banks propose également bien mieux qu’une parodie de défense. Il pourrait difficilement jouer à Orléans dans le cas contraire.

Angel Daniel Vassallo : 17.3pts / match et 6.2 tirs à 3pts

Il faut remonter à longtemps pour voir un joueur armer aussi rapidement. Quoiqu’il est quasi certain qu’il n’y a certainement jamais eu aussi rapide à dégainer. Stephen Brun a raconté son admiration pour le joueur dans le dernier Basket News, un bel hommage d’un shooteur vers un autre shooteur. Contrairement aux deux compères, il n’a atteint qu’une seule fois la barre des dix tirs à 3pts tentés. Poste 3, il est cependant parfois attiré par d’autres zones de shoots et s’il n’est pas immense (1m95), il est suffisamment physique pour s’imposer en drive parfois. Mais il peut shooter de n’importe et avec n’importe qui sur le dos. C’est d’ailleurs le seul des 3 à avoir pris plus de tirs à 2pts qu’à 3pts.
Il y a fort à parier qu’il capitalisera sur ses qualités avec l’expérience qu’il ira acquérir des l’année prochaine, surement sur le sol espagnol ou dans un autre gros championnat. Le joueur n’a de toute façon pas vocation à rester bien longtemps à Paris. L’ASVEL doit encore se souvenir des 6 banderilles consécutives du Portoricain a enquillé devant les caméras de Sport+

Le shooteur, on aime ou on aime pas, mais force est de reconnaitre que c’est une catégorie de joueurs à part et que ces gens-là ne sont pas comme les autres. Chacun sa conception du basket, mais franchement, Roberson versus Vassallo, ou plus proche de nous Roberson vs Banks samedi dernier, ça envoie et c’est sympa ;)