- Sur scène
Est-ce que c’est en allant chez le podologue de Jamel Debbouze que tu t’es retrouvé sur les planches du Casino de Paris ?
En fait, c’est en traînant dans son hammam préféré, dans le Marais que je l’ai rencontré en flag (rires) ! En fait, en rentrant de Uconn, mon pote Grand Corps Malade m’a mis en relation avec un producteur qui organisait des scènes stand-up une fois par mois au Réservoir, le Comic Street Show.
J’y suis allé, ça a bien marché et chaque mois, j’y retournais. C’est là-bas que j’ai rencontré 80% des membres du Jamel Comedy Club (Claudia, Noom, Patson, Thomas Ngijol, Fabrice Eboué, Amelle, Frédérik Chau, Yacine). Suite à un différend avec le producteur du Comic Street Show, nous avons quitté le navire et monté, grâce à la radio Génération 88.2 et de Djabaka Evens, notre propre collectif d’humoristes qui s’appelait « Barres de Rires » avec Mamane qui est chez Ruquier, Yassine Belattar dans « en Aparté »et Thomas Barbazan qui anime la matinale sur Génération. C’est suite à Barres de Rires que Kader Aoun nous a recrutés et proposés d’intégrer le Jamel Comedy Club. Nous avons enchaîné par une émission télé diffusée cet été sur Canal+, quatre mois au théâtre de 10 heures, 1 mois au Casino de Paris et une tournée dans les grandes villes de France. Voilà pour la petite histoire !
Comment définis-tu le Comte de Bouderbala ?
En fait, c’est parti d’un délire avec mes amis du SLAM. Pendant les soirées, ils avaient tous des pseudos un peu « chelou ». Et le soir où on a choisi nos pseudos avec mes Jacky Ido alias John Pucc Chocolat et Fabien Marsaud alias Grand Corps Malade, on a sorti le Comte de Bouderbala ! C’est une sorte d’aristo-crasseux, un peu le prince des désargentés.
En Arabe, Bouderbala ca veut dire guenille.
Tu as vécu et fait déjà beaucoup de choses. Est-ce que maintenant tu es fixé ?
Je pense que tu n’es jamais fixé quand tu t’intéresses à plusieurs choses.
Je n’aime pas faire une seule chose. C’est vrai qu’on a l’habitude de cantonner les gens à une seule chose mais tout le monde a des passions, tout le monde essaie de finir le travail rapidement pour pouvoir s’adonner à des choses qui leur tiennent à cœur. C’est pour ça qu’il y a des plus en plus de gens qui veulent devenir fonctionnaire ou travailler à la fédé de basket (rires). Plus sérieusement, l’objectif c’est juste de faire plusieurs choses bien.
Mais ce qui est important dans ce genre d’expériences, c’est de rencontrer des gens intéressants, de rencontrer son public et d’aller au bout de ses envies. Au départ, monter sur scène, c’était pour dire des choses et pour se dire « Vas-y ! Au moins, tu n’auras pas de regret ! » Après, tu ne sais pas où ça te mène mais au moins tu te retournes pas en te disant « merde, si j’avais su... »
Et puis, j’aime bien arriver là où on ne m’attend pas.
C’est toujours marrant de voir la tête de tes potes quand tu te trouves dans des situations dans lesquelles ils t’auraient jamais imaginé. Comme dirait l’autre, ça peut chémar !
A ce propos, la dernière fois que « ça a chémar » ?
C’était au tournoi du Quai 54 organisé par Hamadoum en juillet 2006.
Je suis venu pour visiter, pour revoir les potes du ballon et je suis reparti champion avec l’équipe Team 77. Franchement, ce n’était pas prévu ! Raphaël Desroses n’avait pas de meneur, moi j’avais mes baskets dans le coffre, il m’a dit « viens jouer avec nous » et on a gagné le tournoi. On bat l’équipe Proleps de Yohann Sangaré, Adjiwanou, Ali Traoré et Amara Sy ! ! ! Un hold-up comme à la belle époque et un super weekend !
On remet ça cet été et ça va être chaud bouillant !
Tu connais les coulisses du basket et celle du showbiz...
Showbiz, c’est un grand mot. Je ne suis pas trop dans ce délire de toute façon. Comme tu peux le voir, cette loge ne fait pas rêver (nldr : Une bouteille d’eau minérale, deux barres de chocolat et des cacahuètes sont disposées sur une table). Dans un vestiaire de basketteurs, il y a plus de bling bling et d’histoires à dormir debout ! (rires)
Après les coulisses d’une troupe et d’une équipe de basket se ressemblent beaucoup, c’est à la fois magique et impitoyable. Un vestiaire et une loge, ça a beaucoup de points communs : ça taille dans tous les sens, ça se prend dans les bras, ça se tape dans la main, ça se tape dans la tête, ça se fout sur la gueule...(rires). Mais au moins, ça crée du lien. Et tu te rends compte que comme dans une équipe de basket, les artistes ont aussi un ego balèze. Donc, tu dois faire en fonction des uns et des autres et gérer les susceptibilités. Moi, j’adore débarquer en loge, tailler tout ce qui bouge et taper Jamel et les filles de la troupe, mais seulement pour me détendre !
- Avec Connecticut
Qu’est ce que tu retiens de l’année passé avec UConn ?
C’était la meilleure année. En un an, j’ai appris des trucs que j’aurais appris en 5 ans en France... et en 10 ans avec certains coachs. C’était hyper professionnel. Déplacements en jet privé, on jouait devant minimum 15000 personnes, des entraînements de 3 heures avec 10 managers, 8 assistant-coaches et un coach impressionnant, Jim Calhoun, un « monsieur » (ndlr : qui est au Hall of Fame). Et surtout, j’ai eu la chance d’évoluer avec des mecs très très forts : des gars comme Marcus Williams, Josh Boone, Andrew Bynum, Charlie Villanueva, Rudy Gay, Denham Brown, Hilton Armstrong qui sont en train de tout casser en NBA.
Là-bas, j’y ai aussi appris des valeurs : le travail, la discipline, la rigueur et les américains te donnent ce qu’on ne nous donne pas assez en France : la confiance en soi !
Au delà du basket, il y avait une ambiance sur le campus : des posters de nous dans les rues, on te considère comme un demi-dieu parce que tu maîtrises le cross-over. Bon, c’est des américains, ils sont aussi complètement dingues !
Quelle histoire ! En tout cas, j’ai adoré !! Mais bon, une fois revenu de là-bas, il faut savoir atterrir. Quand tu vas t’entraîner à Neuilly sur Marne, que le gardien éteint toutes les lumières à 21h59 et que le vestiaire sent la pisse, tu te dis qu’il y a encore un effort à faire.
Tu as coupé avec le basket pro depuis ?
En fait, quand je suis rentré des States, ils m’ont appelé en sélection algérienne.
J’y suis allé et avec mes amis « bougnoules » du championnat de France : Ali Bouziane (Dijon), Mourad Boughedir (Mulhouse), les frères Haif (Rouen et Londres), Karim Atamna (Le Portel), Redouane Fergati (Salon) ainsi que les joueurs qui évoluent en Algérie, on a remporté le championnat arabe des nations en 2005. Pour le championnat d’Afrique, ils m’ont coupé une semaine avant la compétition, un peu « à l’algérienne » : l’entraîneur algérien préférait aligner son meneur qui revenait de blessure une semaine avant la CAN...
Bon j’ai coupé les liens depuis mais ce n’est pas eux qui m’empêcheront de continuer à jouer.
D’ailleurs, dès que je peux, je m’entraîne avec Nanterre. Ils sont deuxièmes de ProB mais quand je joue contre eux je ne suis pas trop largué, loin de là. A 27 ans, je ne suis pas encore mort...