Basket Info : Sami, tu évoluais la saison passée à Poissy en N3 et cette année tu te retrouves avec les champions NCAA en titre, l’université de Connecticut. Peux-tu nous décrire ton parcours avant de rejoindre les Etats-Unis ?
Sami Ameziane : Et bien, j’ai joué au PSG Racing en minimes, cadets puis j’ai joué à Lézignan-Corbières en N3 près de Narbonne, je suis revenu en région parisienne en espoirs Pro B à Bondy et je faisais le banc des pros l’année suivante. Ensuite, j’ai été prêté 2 ans à Levallois en N2 (montée en N1). Je suis retourné à Bondy, mon club d’origine, en N1 (3ème du championnat et dépôt de bilan du club). L’année dernière, j’ai joué à Poissy en N3 (invaincu en championnat et montée en N2).
Basket Info : Dans quelles conditions es-tu arrivé à Connecticut ? Pourquoi avoir choisi de rejoindre cette université plutôt qu’une autre ?
Sami Ameziane : Je suis arrivé en tant qu’étudiant d’échange pour suivre des cours de master en commerce à la Business School. Au départ, j’avais postulé pour aller en Californie mais c’est tombé à l’eau. La responsable du programme d’échange, Nancy Meritt, que je remercie du fond du cœur, d’ailleurs, m’a proposé Uconn car ils ont une des meilleures écoles de commerce des Etats-Unis et elle savait que je jouais au basket. Je n’ai pas hésité, j’ai accepté sa proposition. Arrivé ici, le département de français de Uconn m’a proposé de donner des cours de français à des étudiants américains.
- Sami Ameziane
- ...sur la gauche
Basket Info : La façon dont tu as intégré l’équipe est plutôt surprenante. Peux-tu nous raconter comment cela s’est passé ?
Sami Ameziane : En fait, j’allais au « gym » tous les jours jouer avec les gars de l’université et chaque samedi se déroulaient des « pick-up games ». C’était blindé car le basket ici, c’est comme une religion.
Plusieurs responsables du staff « basket » me disaient d’aller faire les « try-outs » (essais) du début d’année car l’équipe veut renforcer son effectif. Moi, je n’avais aucune connexion et généralement, je sais que les essais, c’est « chacun pour soi et Dieu pour tous » et pas le meilleur moyen de montrer ce que tu sais faire. Mais bon, je me suis dit que j’irai quand même tenter le coup. Puis, un matin, je suis allé chez la coiffeuse du campus, Holly Upton, et nous nous sommes mis à discuter. Je lui ai parlé de mon parcours basket en France et elle m’a demandé pourquoi ne pas essayer de jouer avec eux. J’ai répondu que je n’avais aucune connexion. Les coaches de l’équipe étant ses clients, elle a pris son téléphone, appelé un responsable du basket et j’ai eu un rendez-vous avec lui pour le milieu d’après-midi. Mais, l’après-midi en question, Coach Calhoun débarque dans son salon de coiffure et elle lui parle de moi. Et ça tombait bien car il cherchait un meneur-arrière. Je me suis pointé au bureau du basket et Coach Calhoun débarque à ce moment-là. Je me présente, on discute dans son bureau un moment et il me propose de venir m’entraîner avec ses joueurs le lendemain. L’entraînement se passe super bien. Juste après ça, Coach Calhoun me convoque dans son bureau et me propose de faire partie des Huskies 2004-2005.
Basket Info : Tu es ce qu’on appelle un "walk-on". Peux-tu préciser ce qu’est ton statut à Connecticut ?
Sami Ameziane : En fait, les « walk-on » sont des joueurs qui n’ont pas de « scholarship » (bourses d’études, car les études aux US sont payantes et très très chères.) Généralement, ils complètent l’effectif. Mais bon, étant étudiant d’échange, je n’ai pas à payer les cours donc c’est aussi avantageux que si j’avais une bourse.
Basket Info : Comment ça se passe avec ton coach Jim Calhoun ? J’ai lu qu’il te surnomme Henri...
Sami Ameziane : Ca se passe bien. C’est un homme que je respecte beaucoup et c’est un grand coach et surtout un grand monsieur. Un entraîneur, un coach, un père, un éducateur. Calhoun, c’est la classe. « Henri » sonnait plus « français » que « Sami », donc il m’appelait comme ça au début, c’était un jeu entre nous.
Basket Info : Aujourd’hui, quel est ton rôle dans l’équipe ? Que penses-tu apporter à cette équipe ?
Sami Ameziane : En tant que « walk-on », l’entraîneur m’a clairement spécifié qu’il va falloir se battre pour jouer et comme c’est ma dernière saison ici, ce n’est pas trop évident. Mais en revanche, aux entraînements, je mène le jeu de la deuxième équipe et je suis en concurrence direct avec Marcus Williams, un des meilleurs meneurs de la NCAA, qui ira en NBA cette année ou l’année prochaine et Antonio Kellogg, un autre meneur très fort.
Ayant plus la morphologie des meneurs qu’ils jouent chaque match (petit, rapide et assez explosif), je pense que ça les aide beaucoup. Sinon, j’apporte de la vitesse, de la défense et de l’enthousiasme avant tout.
Basket Info : Ca fait quoi d’être le frenchie de l’équipe et le chouchou du public ?
Sami Ameziane : C’est vrai que des fois, je me retrouve dans des drôles de situations et je me demande ce que je fous là. Des caméras partout, l’attention qu’ont les gens pour les joueurs de basket, le public qui crie ton nom pendant les matches, avant les matches, les fans qui courent pour te saluer ou pour manger à ta table à la cantine... Bref, c’est un truc que j’avais jamais vu auparavant. Franchement, c’est marrant mais bon, c’est pas le plus important. Le plus important, bien sûr, c’est de bosser dur chaque jour et de faire des bons résultats.
Basket Info : Par rapport à la saison dernière, comment se déroule cette saison et quels sont les objectifs de UConn ?
Sami Ameziane : Uconn est championne en titre et a perdu deux gros joueurs mais l’équipe reste une des meilleures des Etats-Unis. L’équipe est jeune, en constante progression et ultra perfectible.
Basket Info : Les départs d’Okafor et de Gordon n’ont-ils pas été trop durs à digérer ?
Sami Ameziane : Au départ, les départs d’Okafor et de Gordon se sont sentis sur certaines fins de matches mais l’équipe dispose des meilleurs éléments du championnat NCAA, d’excellents joueurs à l’intérieur comme Boone, Villanueva, Armstrong et Nelson, les ailiers et les arrières (Brown, Anderson, Kellogg, Thompson, Williams, Gay) sont parmi les meilleurs de la NCAA. Donc, je pense que Uconn reste un candidat sérieux pour le titre.
Basket Info : Après cette fabuleuse expérience, comment vois-tu la suite de ta carrière ?
Sami Ameziane : J’irai là où on aura besoin d’un mec qui se donne à 150% pour gagner des matches, en France ou à l’étranger.
Basket Info : Tu as également joué avec la sélection nationale algérienne. Que représente cette sélection pour toi et quels y sont tes objectifs ?
Sami Ameziane : L’Algérie, c’est une histoire d’amour. Tu joues avec ton coeur car tu y vas pour représenter tes parents, ta famille, tes amis et parce que l’Algérie, c’est une histoire spéciale, surtout quand, comme moi, tu as vécu la majeure partie de ta jeunesse en France. C’est toujours un honneur de défendre les couleurs de l’Algérie.
Cette année, le championnat d’Afrique des Nations se déroulera à Alger et ce sera l’occasion de voir une belle équipe d’Algérie avec comme objectif le podium, bien sûr. C’est possible avec les excellents joueurs évoluant dans le championnat algérien et les algériens évoluant dans les championnats français et étrangers. D’ici là, il faudra faire les stages et gagner sa place.
Basket Info : Merci à Sami Ameziane pour sa gentillesse et sa disponibilité. A noter que vous pouvez retrouver cette semaine Connecticut opposé à Notre Dame sur la chaîne Sport+.