La dernière fois, c’était en 2007. Depuis, l’Euroligue tâtonnait, alternant entre Final Four et Final Eight, pour choisir cette année un format à finale sèche. Les années passent, et il a un peu vécu, ce Spiroudome. Le panneau d’affichage n’affiche pas les noms des joueurs et l’extérieur de la salle fait de plus en plus penser à une usine. Mais la salle, toute de rouge vêtue, conserve son charme particulier, qu’on retrouve dans peu d’autres endroits en Europe.
La finale de l’Eurocup 2013 n’aura pas déplacé les foules belges (la salle était à moitié vide, les Espagnols étaient 1500 et la Russie c’est loin) mais aura au moins le mérite de réparer une légère injustice. La Russie aura donc un deuxième club dans la grande compétition, l’Euroligue, l’année prochaine. C’est d’ailleurs la voie privilégiée empruntée par les équipes souhaitant y accompagner le CSKA Moscou (victoire du Dynamo Moscou en 2006, de Khimki l’an passé), le club moscovite trustant d’année en année la seule place garantie du pays pour la coupe la plus prestigieuse.
A la lecture du roster russe, on se demande d’ailleurs bien ce que cette équipe fait à l’étage en-dessous. Richard Hendrix, Nick Calathes (MVP de la saison), Simas Jasaitis, Aleks Maric, Alexeï Savrasenko, on en passe et des meilleurs, feraient le bonheur de bon nombre d’équipes européennes. Alors évidemment, on se doutait que le défi serait de taille pour l’équipe de Bilbao, bonne petite équipe de la ligue espagnole mais finalement un peu juste. Les Basques alignaient cependant eux aussi une ribambelle de bons joueurs (Nikos Zizis, Lamont Hamilton, Alex Mumbru, Axel Hervelle).
Encouragé par tout un kop (les blancs et noirs représentaient, on l’a dit, plus de la moitié de l’affluence), Bilbao n’aura finalement remporté que le 1er quart, par la plus petite des marges (17-16). Sur les ailes de Vasileiadis, aussi volontaire que barbu, l’Uxue Bilbao Basket rattrapera vite sa mauvaise entame (3-10) pour y croire, après 10 minutes. Mais trop longue, trop dense, la rotation russe allait faire la différence. 8pts d’avance à la pause (30-38), puis 20 (45-65) au cours du 3e quart-temps, un scénario de match qui rendrait presque l’écart final de 11 points (64-75) flatteur. Car au moment où il fallut voter pour le MVP de la finale , le lauréat Richard Hendrix (14pts 9rebds 25 d’eval) n’avait plus foulé le parquet depuis 12 minutes. Il ne sera même pas revenu en jeu, ce n’était pas nécessaire.
Comme d’habitude dans ce genre de scenario, il ne fait pas bon avoir trop d’avance trop tôt. Logiquementn Bilbao s’est donc rapproché à 7pts en toute fin de match, mais c’était le moment que Nick Calathes, discret offensivement quoique gestionnaire expérimenté (7passes) allait choisir pour tuer le match d’un tir à 3pts tout seul, plein axe. Vasileiadis continuait de se battre, et il n’était pas difficile de comprendre pourquoi, au vu de l’hommage rendu par le peuple basque malgré la défaite.
Vu de France, ce match anonyme (qui possède Eurosport 2 ?) avait tout de même son soupçon d’intérêt, bien qu’il s’agisse de l’ultime match d’une compétition désertée depuis belle lurette par les clubs hexagonaux. Adrien Moerman évolue en effet depuis l’été dernier au pays basque. Notre jeune poste 4 aux grandes oreilles aura livré 17 minutes de bonne facture, rentabilisant au maximum le temps de jeu (fractionné) donné par son coach. Avec 8pts 6rebds 2 passes (et une certaine propension à abuser du tir à 3pts, comme quoi il n’a pas complètement changé), il aura fait mieux que les 2 joueurs évoluant devant lui dans la rotation poste 4(Hervelle et Mumbru ont cumulé 4 d’évaluation).
Il y a fort à parier qu’il s’imposera progressivement dans l’effectif, mais il faudra digérer la déception de ce match pour disputer les playoffs d’ACB. Rendez-vous dans un an, avec le très mince espoir de voir un club français sur le parquet du Spiroudome à cette époque de l’année.