Revenons rapidement sur le choix de la capitale britannique, un pays autant passionné par le basket (européen, du moins) que nous le sommes par le cricket. Il est probable que l’Euroleague se satisfera sans problème d’un week-end d’un très haut niveau sportif (la finale et la demi ibéro-ibérique ont été passionnantes), organisé dans ce qui est la plus belle salle d’Europe pour encore plusieurs années encore et qui ne devrait pas trop avoir peur du Bercy 2015 rénové. La ville, aussi, permet d’offrir un cadre de rêve pour le week-end, des joueurs aux touristes ou fans. Ces derniers justement, doivent tiquer un peu plus ce matin, maintenant que la fête est passée. On n’oubliera pas que la première demi-finale s’est déroulée devant une salle vide, ou encore que les prix des places démarraient autour de 400 euros. Bilan, le contingent grec (le seul à se déplacer réellement en masse) était réduit de moitié par rapport aux éditions précédentes, au point que l’ambiance s’en soit régulièrement ressentie.
Il ne s’agit cependant pas de chipoter. La finale 2013 restera dans les annales, au même titre que celle de l’année dernière, plus serrée, plus défensive. Mais les deux victoires de l’Olympiakos ont un point commun majeur. L’an passé comme hier soir, on a bien crû que les rouges et blancs étaient morts et enterrés. Cette fois-ci, la démonstration de force fut impitoyable.
Après 10 minutes, Madrid affichait 17pts d’avance (27-10), et déjà, les joueurs du Real regardaient leurs supporters le poing serré. Pas de fanfaronnade ou de vente de peau d’ours avant l’heure, ils avaient fait une entame parfaite et Olympiacos, si dur défensivement deux jours plus tôt face à Moscou, était méconnaissable. On allait vite apprendre qu’il ne s’agissait que d’un orage, et n’importe quelle équipe aurait été distancée par ce Real là (5/6 à 3pts dans le 1er quart), emmené par les deux grands hommes du F4 côté espagnol, Rudy Fernandez et Sergio Llull.
La réaction hellène n’allait pas tarder. 5 minutes plus tôt, il aurait été facile d’écrire que Spanoulis avait raté son final four. Si son évaluation cumulée sur les deux rencontres n’atteint pas des sommets, le combo grec mérite sans discussion (avec une mention pour Acie Law pour sa finale) le trophée de MVP. Maladroit et tripotant parfois trop le ballon, il fut clutch comme rarement on peut être aussi clutch. 4 tirs à 3pts, le suivant chaque fois plus dur et plus important que le précédent, allaient ramener son équipe dans le match, pour finir par prendre la marque dans le 3e quart. Plus qu’un vrai leader statistique, Spanoulis sur ce match aura été celui qui a montré que c’était possible, qui n’aura jamais lâché.
David Loriot, dans l’Equipe du jour, résume parfaitement l’impression que diffusait la performance du MVP de la saison, écrivant que “la discipline et l’état d’esprit valaient parfois tous les talents”. De talent, Spanoulis n’en manque pas. Mais le Real en possédait en effet plus. Rudy Fernandez n’aura commencé à “faire du Rudy” dans la dernière minute, pas de quoi gâcher son très grand Final 4. Avec Mirotic, Begic, Llull, Rodriguez, les Merengue ont de quoi voir venir. Il faudra peut-être trouver des yankees de plus gros calibre (Caroll a eu du mal à exister mais doit pouvoir jouer à ce niveau) , et encore...
Ce n’est donc pas le seul talent qui a ramené Olympiakos dans le match, relancé dès la mi-temps (41-37 pour Madrid). 8pts consécutifs de Spanoulis, l’énergie de Kyle Hines face aux immenses gabarits espagnols , le contrôle d’Acie Law et voilà Olympiacos devant de façon définitive. Pour conserver le contrôle du match jusqu’à la fin, il aura fallu inscrire 90pts en 30 min ! Une stat un peu trop trompeuse dans un match qui aura vu 78 lancers francs et duré quasiment 2h15. Ils ont su marquer des points, et n’ont eu besoin de défendre le plomb que lors du second quart pour instaurer le doute dans les esprits espagnols. Il n’y avait absolument rien a faire. La saison régulière fut parfois compliquée mais le verdict du F4 londonien est limpide. Olympiacos et Spanoulis étaient trop forts.